Diversifier et sécuriser
Nous avions rêvé d'une année 2022 qui allait rimer avec retour à la normale. Après deux années de vache maigre, nous pensions croissance élevée, touristes enchantés, plein emploi ... Il a fallu que le régime russe attaque l'Ukraine pour que l'Occident puis toute l'économie mondiale soit déstabilisée, avec des menaces qui font frémir les plus solides des marchés. Quelles conséquences redouter pour la Polynésie Française et, plus précisément, faut-il vous inquiéter pour vos placements ?

Un article issu de plusieurs sources, dont Parlons finance, analyses économiques et financières de CRYSTAL FINANCE, Dossier Familial, Net-investissement.fr, Money Vox, Placement direct, Cercle de l’épargne...
Rédigé avec Françoise Syx, directrice régionale Polynésie française
« Notre croissance, aujourd’hui au plus haut, sera immanquablement affectée », a prévenu le président de la République, en raison des répercussions économiques du conflit russo-ukrainien. Cela va affecter les matières premières, alors même que les flux de production avaient été fortement impactés par la crise du Covid, dont nous espérons, sans pour l’affirmer, qu’elle est enfin derrière nous. Au fenua, une augmentation du prix du litre d’essence (5 F à compter du 1er février) faisait déjà état de l’augmentation du prix du baril. C’était avant le début du conflit provoqué par l’Etat russe, fin février. Or, la dégradation de la situation économique va s’accompagner d’une accélération de la hausse des prix.
« L’inflation n’est pas une opportunité pour les épargnants. Si l’épargne n’est pas mieux rémunérée que l’inflation, les épargnants perdent de l’argent », rappellent les économistes.
Livrets, PEL, Assurance vie
C’est le cas pour le Livret A ou le Livret de développement durable et solidaire (LDDS). Sécurisés, liquides (vous pouvez retirer les fonds à tout moment), il n’empêche que leur taux d’intérêt (pourtant relevé de 0,5 % à 1 % le 1er février dernier) reste inférieur à l’inflation. Autrement dit ils ne vous rapportent rien, sinon d’avoir des économies sur un compte autre que votre compte courant. Vous pourrez retourner le problème dans tous les sens (Plan d’épargne logement, fonds en euros), tous présentent des rendements de plus en plus faibles.
Cependant, ils ont l’avantage d’être parfaitement sécurisés. C’est l’illustration du principe d’investissement : « moins de risques, moins de rendements ». Or, quand les temps sont troublés, il ne faut pas leur tourner le dos.
Bourse : pas de fébrilité
Vous avez placé une partie de votre argent sur un PEA ou un compte- titre ? Vous craignez que les unités de compte de votre assurance-vie perdent de leur valeur, notamment en raison des soubresauts des marchés actions ? Avez-vous acheté quand les indices étaient au plus haut ? L’année 2021 et le début d’année 2022 ont été historiquement hauts, le risque d’une correction était élevé.
Avez-vous investi sur des valeurs liées au pétrole, à l’acier, à l’aviation ? Liées à la Russie ? « 35 des 40 groupes cotés au CAC 40 », l’indice phare de la place de Paris, « sont installés en Russie », rappellent les économistes. Vous n’aviez que peu de chance d’échapper à la dégringolade, sauf si vous avez investi dans des actions liées à des entreprises de défense ou d’armement.
L’or et les énergies renouvelables ont également séduit les investisseurs dès avant le début de la guerre, juste parce que les indicateurs présentaient une probabilité de conflit. Mais alors, que faire ? Surtout ne figez pas vos pertes. Autrement dit, faites le dos rond. Tant que vous ne vendez pas, vous ne perdez que virtuellement une partie de votre investissement. Certes, les lignes rouges sur votre logiciel de suivi de compte sont peu agréables à regarder, mais si vous n’avez pas besoin de votre argent maintenant, mieux vaut patienter. Si vous devez vendre, que cela soit justifié « pour mener à bien un projet à court terme », comme l’estime Gilles Belloir, directeur général de Placement-direct (source : MoneyVox).
CRYPTOMONNAIES : UNE OPPORTUNITÉ ?
Faut-il miser sur le bitcoin en temps de crise ? En aucun cas les cryptomonnaies ne sont des valeurs refuge et leur volatilité est dangereuse, d’autant plus que la Russie comme l'Ukraine sont des zones de minage de cryptomonnaies importantes. Cependant, en raison même de leur ADN, elles échappent à la fois aux Etats et aux sanctions économiques. Non seulement le bitcoin peut apporter à la Russie une porte dérobée pour contourner les sanctions, mais aussi continuer sa hausse en raison de la confiance des investisseurs. Nous ne pouvons donc que vous conseiller une prudence extrême sur cet investissement.

INVESTIR À COURT OU LONG TERME ?
Si votre horizon est à court terme, ce n’est pas du tout le moment d’investir dans les marchés actions. De plus, ne vous frottez pas à des secteurs pénalisés par le conflit, comme les énergies, les métaux ou matières alimentaires comme le blé. Tournez-vous plutôt vers les conseils de Cabinets de placement, comme Crystal Finance, qui sauront vous aiguiller vers des combinaisons de placements rentables (OPCVM , SCP, investissements dans la pierre, etc.), sécurisées et établies en fonction de votre profil. La diversification de vos placements sera la meilleure réponse aux turbulences à venir et jouera le rôle d'amortisseur en cas de fortes chutes !
La chute va-t-elle durer ?
Généralement, les conflits géopolitiques sont des situations transitoires comparées à une crise financière dont les conséquences peuvent perdurer des années. Sauf que cette fois, la 2e puissance militaire mondiale a agressé un pays limitrophe de l’espace européen et que les enjeux pour l’Occident sont bien supérieurs à toutes les crises géopolitiques qu’il a pu affronter ces 50 dernières années.
La baisse des marchés actions repose en partie sur le début de la guerre russo-ukrainienne, mais elle est aussi amplifiée par un dégonflement de « la bulle boursière », entretenue artificiellement par les banques centrales au travers de la planche à billets. Faut-il craindre une contamination de la crise aux grandes entreprises françaises du Cac 40 ? Leurs filiales russes comptent, en règle générale, pour moins de 5% de leur chiffre d'affaires total. Si la guerre ne s’étend pas au continent européen, ni ne dure, les réactions compulsives des marchés vont s’apaiser à moyen terme.
Va-t-on être directement impactés en Polynésie ?
Notre PIB repose à la fois sur la consommation locale et le tourisme. Pour ce dernier, la guerre reste loin du Pacifique sud et ne touche pas les marchés émetteurs, ni directement ni indirectement. Les Américains notamment ne se sentent que peu concernés par ce qui se passe en Europe de l’Est et leur venue en Polynésie ne devrait pas être impactée.
C’est plus sensible pour le marché européen, non pas à cause d’une menace de guerre qui reste lointaine, mais en raison de la peur que provoque la situation. Certains souhaitent à tout prix partir et se changer les idées, d’autres préfèrent annuler leurs déplacements pour rester proches de leurs familles. Cette situation sera donc à suivre de près.

Les produits d’importation et même les produits industriels locaux vont être impactés par cette nouvelle crise des matières premières.
L'impact sur la consommation locale
« A court terme, la flambée du prix des matières premières constitue le principal facteur de risque », relève Karl Toussaint du Wast, cofondateur de Netinvestissement. Le baril de pétrole a en effet vu son prix repasser au-dessus de 100 dollars pour la première fois depuis 2014. Nous n’échapperons pas en Polynésie française à l’inflation des prix. Nos archipels et nos modes de vie étant très dépendants des importations, il va sans dire que les coûts du fret associés à celui des matières premières qui augmentent vont impacter notre quotidien, dans les magasins comme à la pompe ou à la lecture de la facture d’électricité. C’est pourquoi il est encore plus urgent qu’hier de développer une économie locale pérenne, afin de réduire durablement notre dépendance à l’extérieur. Pour cela, avoir une ressource humaine qualifiée est essentiel. Le dossier emploi de ce numéro illustre notamment les difficultés auxquelles il faut s’apprêter à faire face.
Vous souhaitez en savoir plus ?
Dossier à retrouver dans votre magazine Investir à Tahiti #10 - décembre 2021