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Tikehau. Une pêche plus raisonnée


Ses parents, et ses grands-parents avant eux, avaient déjà des parcs à poissons. Si l’origine de ces structures se perd dans les récits, leur fonctionnement, lui, reste inchangé. Rencontre avec Tuheiava Teakura, l’un des propriétaires de Tikehau.


Tuheiava Teakura vit au village de Tikehau. Il est l’héritier de propriétaires de parcs à poissons. « Mes parents, et avant mes grands-parents, vivaient à la passe, là où sont installés les parcs », raconte-t-il. Mais, cela, c’était avant. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’un propriétaire, Benoît, et sa compagne, à la passe. Il y a cinq concessions au total, mais deux seulement demeurent en activité. « Quand j’ai repris les parcs, il y a trois ou quatre ans, j’ai pu constater qu’il y avait moins de poissons. Ma concession s’étend sur 1 000 mètres carrés, mais je ne l’utilise que sur 500 mètres carrés. » Cette réduction fait suite à des discussions avec le gouvernement. Ce dernier souhaitait fermer les parcs dans la passe. Un accord a été trouvé.


La pêche à Tikehau a changé ces dernières années. « Avant, on vendait peu au village, l’essentiel partait à Tahiti », rapporte Tuheiava Teakura.

Fred Teriiatetoofa, fondateur de l’huilerie de Tikehau et élu de la commune précise : « Une étude a été menée entre 2004 et 2006 pour faire un inventaire de la ressource. J’avais demandé également une étude complémentaire sur l’exploitation de la ressource. » Chaque année, 350 tonnes de poissons partaient pour la capitale, cela faisait presque 2 à 3 tonnes par jour. Les résultats ont été divulgués, déclenchant une volonté de diminuer la pression sur la ressource. D’un commun accord, un moratoire a été posé. La prise de mérous, par exemple, est limitée à 100 tonnes par an. « Il y a eu une vraie prise de conscience », se réjouit Fred Teriiatetoofa. « Avant, on nourrissait Tahiti, il ne nous restait que le punu pua’atoro ! Le lagon doit nourrir notre population avant tout, d’autant que la vie est toujours plus chère. » La pêche désormais est plus raisonnée.


Ses grands-parents maternels venaient de Maupiti. Les parcs à poissons sur cette île étaient faits de pierres. Ils livraient le bois à Moorea. Lors de leurs pérégrinations, ils ont cherché à s’installer ailleurs et ont fini par se poser à Tikehau, embarquant avec eux leurs usages. Ils ont fabriqué des pièges à base de bois, puis de tubes galvanisés. « Mon grand-père avait douze pièges », raconte Tuheiava Teakura. « Mon père a pris le relais. J’y passais toutes mes vacances. »


Les parcs à poissons sont des pièges en forme d’entonnoir qui permettent de rabattre les poissons et de les maintenir en captivité jusqu’à leur prise.


Il y a deux grands bras et deux chambres. La première étant plus grande que la seconde. Un grillage est installé entre les tubes jusqu’à deux mètres de profondeur. Ce grillage est soumis aux caprices de la houle qui, lorsqu’elle est forte, les endommage. « Il y a beaucoup d’entretien », admet Tuheiava Teakura. Ils ont été placés sur les zones de passage des poissons. Les espèces emprisonnées dépendent des migrations, des courants, des passages naturels. Les poissons sont récupérés à la nasse dans les parcs. Tuheiava Teakura vend à présent ses prises aux résidents. Carangues, perroquets, rougets, becs de cane, loches… trouvent preneurs directement sur la plage au retour des levages (en général, trois par semaine). Le lagon de Tikehau nourrit les résidents de Tikehau et ses visiteurs.





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Dossier à retrouver dans votre magazine Tama'a# 28 - juin 2023

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