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ÉCOLOGIE en chine

Les Chinois ont compris l’écologie


Les imprécations stériles des écologistes qui confondent engagement environnemental et revendications carriéristes ne conduisent pas les politiques écologiques très loin. Les Chinois, plus gros pollueurs du monde, ont pris conscience du problème et, à défaut de déclarations grandiloquentes, l’ont attaqué de face.


La Chine, pays 17 fois plus grand que la France et de 1,4 milliard d’habitants, avait trois façons de regarder le problème de la pollution : le nier en tapant du poing sur la table et continuer sa folle course à la croissance en dépit des problèmes environnementaux. Le condamner par de grandes emphases stériles, autant apocalyptiques que manichéistes : « la planète vit ses dernières heures », « c’est la faute aux lobbies occidentaux », etc. Ou bien, et c’est la voie choisie, considérer le problème en le résumant ainsi :

« Nous sommes le premier pays pollueur au monde. Nous allons désormais devenir aussi celui le plus engagé contre la pollution ».

Dès 2014, les investissements chinois dans les énergies propres se sont élevés à 132,6 milliards de dollars, ce qui représenta plus de 40% du total mondial. Il faut dire que personne en Chine n’a oublié le pic de pollution record de 2013, notamment à Pékin. Selon l’agence internationale de l’énergie (AIE), la Chine est responsable de 40 % de la croissance d’énergie solaire photovoltaïque. Ce vaste pays avait déjà dépassé son objectif « 2020» au début de l’année 2018.


En cinq ans, la Chine est devenue le leader mondial de la transition énergétique.

Autre phénomène d’importance : en 1994, la Chine comptait huit ONG environnementales officielles. Elles sont plus de 8 000 aujourd’hui. C’est pourquoi plus de 90% de la population est mieux informée et prête à payer des factures plus salées, en échange que l’électricité soit issue d’énergie propres ou renouvelables. En d’autres mots : s’éclairer et se chauffer oui, mais en respirant mieux. Ainsi, partout, on constate une ré-urbanisation des grandes villes, suivant cette tendance écolo. Il était temps, sans doute, mais c’est bien parti.


SHENZHEN, MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Inutile de chercher à résumer l’ensemble des actions entreprises par la Chine en la matière. Tournons-nous plutôt vers une ville que les entrepreneurs et importateurs polynésiens connaissent bien : Shenzhen (que l’on dit « Chêne zen », mais qui se prononce Cheune-djeune). C’était un paisible village de pêcheurs de quelques centaines d’âmes avant le Second conflit mondial. En 1970, la ville comptait déjà 30 000 habitants. Avec l’entrée de la Chine dans le capitalisme, dans les années 2000, il n’a pas fallu cinquante ans, pour que Shenzhen se transforme en mégalopole. A l’image de nombreuses villes ayant connu un développement économique fulgurant, l’air y est devenu irrespirable. Alors, pour pallier cet épineux problème, menaçant d’asphyxier ses douze millions d’habitants, la ville a décidé de miser sur les transports électriques.


RÉVOLUTION VERTE

Ses autorités ont tout simplement décidé d’interdire les moteurs thermiques dans les transports publics dans un premier temps. En moins de neuf ans, toute la flotte a été remplacée : 16 359 bus électriques, soit 100% de la flotte (nous avons le plaisir de pouvoir en admirer un à Papeete). C’est le géant de l’automobile électrique chinois Byd qui a remporté cet immense marché. La ville économise ainsi 345 000 tonnes de carburant et évite de rejeter 1,5 million de tonnes de CO2 chaque année. Désormais, les véhicules électriques devraient être étendus aux services privés (entreprises notamment). Dans la foulée, la ville a décidé d’électrifier ses 12 000 taxis d’ici la fin de l’année 2018. Une rapidité d’exécution vertigineuse. Paris, lui, vise une flotte de bus électriques… d’ici à 2025.



POLITIQUE ENGLOBANTE

Très vite, entreprises et industriels ont phosphoré, créé, innové, inventé des solutions nouvelles. Ce qu’il faut comprendre, c’est que les Chinois ne sortent pas de terre des mégalopoles vertes sans leurs industriels, leurs économistes, leur administration, leurs ingénieurs… et leur population. Ils n’ont pas cherché à monter économie et écologie l’une contre l’autre. Et ils n’associent pas la réflexion environnementale avec la décroissance économique, comme en France. Les Chinois ont ainsi refusé ce qu’on appelle l’écologie punitive, à laquelle le monde économique n’adhère pas.

Au contraire, ils promeuvent l’écologie moderne, technologique, connectée, innovante, pragmatique.

A Shenzhen, l’annulation des projets de nouvelles centrales thermiques, un contrôle des usines polluantes, la construction d’une « ville verte », accompagnée d’une campagne de reboisement modifie profondément la cité.

Mais cela ne se fait pas contre les industriels, plutôt avec leur concours, leurs innovations et en leur donnant des avantages. Shenzhen rayonne au plan international plus que jamais. Et cela sert l’ensemble des secteurs économiques, en même temps que l’on y respire mieux. Même s’il va falloir plusieurs années d’efforts avant de pouvoir atteindre une situation réellement saine pour la Chine et ses habitants, le pays est en bonne voie.




InstanTANE #04


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