Le mono’i est mythique, emblématique, digne ambassadeur du rêve polynésien à l’étranger, fier produit local présent dans tous les foyers de Tahiti et des îles. S’enduire de mono’i est apaisant, réconfortant…
© Crédit photos : Valentine Livine (sauf mention)
Une texture, une odeur…
Tout commence par une sensation : le liquide qui coule sur la peau. L’huile délicatement enduite sur le corps procure à elle seule un apaisement immédiat. Puis, vient l’odeur. Elle monte en nous, activant d’autres capteurs, d’autres sens. Des images dansent devant nos yeux : une fleur de tiare, le coco fraîchement râpé, un magnifique ylang-ylang richement garni…
Alors les souvenirs affluent : un massage reçu, tellement enveloppant et doux, un soin des cheveux appliqué par une personne aimante, un moment festif, etc. Le mono’i est réconfortant, nous ramenant à quelque chose de pur et de vivant dans notre cœur.
Une couleur chaude
La vue est également sollicitée lorsqu’il s’agit de mono’i. Une huile de qualité a une belle couleur chaude, presque dorée. Si, sur des étals, les liquides sont transparents ou peu prononcés, l’huile sera certainement “coupée”, donc de moins bonne qualité.
Le monoï est obtenu à partir d’huile de coprah dans laquelle macèrent des fleurs. Celle-ci se charge alors de tous les bienfaits des végétaux avant d’être filtrée pour ne garder qu’un liquide pur et ambré.
La fleur de tiare possède des vertus thérapeutiques comparables à l’aspirine. Elle est utilisée depuis des siècles dans la pharmacopée polynésienne. C’est le bouton de la fleur qui est mis à macérer dans l’huile de coprah ou de coco pour obtenir le mono’i.
Une huile qui traverse le temps
Véritable trésor culturel en Polynésie, le mono’i s’est créé une place particulière à l’étranger et a traversé le temps pour rester le produit phare des Polynésiens. Depuis des siècles, cette huile sacrée rythme la vie de tout un peuple. Dès leur naissance, les enfants sont massés au monoï le soir avant le coucher pour apaiser leur sommeil. En cas de maladie, les personnes sont taurumi au mono’i afin d’être soulagées de leurs maux (la fleur de tiare a des effets comparables à l’aspirine). Les femmes s’enduisent les cheveux de cette huile bienfaisante pour en maintenir la brillance, la beauté et la bonne santé. Les hommes utilisent le monoï pour protéger leur peau lors de sessions de pêche. Avant un bain à la cascade, le monoï est appliqué sur la peau qu’il protège du froid trop mordant de l’eau.
Les matahiapo (personnes âgées) sont aussi en lien avec le mono’i, car ce sont souvent les māmā qui taurumi les enfants. Mais, surtout, elles en détiennent le secret de fabrication familiale, transmis aux jeunes générations. Ainsi, le mono’i unit une famille tout en gardant vivant l’héritage des tupuna (ancêtres). Cette huile sacrée défie le temps.
Expression de la richesse insulaire
La culture îlienne s’exprime directement à travers le monoï. Venant de l’étranger, on peut penser qu’il n’en existe qu’un seul et même produit. Mais, une fois que l’on flâne au marché de Papeete, découvrant les étals chargés de flacons tous différents, ou si l’on a la chance d’explorer les îles et les archipels de Polynésie, on ne peut qu’apprécier la variété et la singularité des mono’i des cinq archipels, dans lesquels est condensée une partie de chaque richesse culturelle insulaire. C’est donc une huile aux multiples visages, fruit d’un legs familial, culturel, historique. Et, c’est là toute la beauté du mono’i artisanal : il est chargé de bien plus que ses ingrédients, de quelque chose de subtil, impalpable, immatériel.
Il est coutume de dire que l’on prépare le mono’i avec amour, en pensant à la personne qui le recevra… cette dose énergétique d’amour, de don pur, de volonté d’apporter bien-être et douceur se ressent lorsque l’on s’enduit de cette huile délicate et raffinée.
Le mono’i a traversé le temps et les frontières, réunissant les peuples autour de gestes immémoriaux transmis : l’union par le massage. Chaque personne qui taurumi* se relie à celle qui reçoit, chaque personne qui s’enduit de mono’i.
*masse, mais dans un sens plus profond et plus large que nous vous invitons à découvrir dans les pages suivantes.
Dans l’entreprise Heiva, ce sont les fleurs encore en boutons qui sont immergées dans l’huile, en ayant pris soin de retirer le pédoncule et les sépales.
Un produit protégé
Connu dans le monde, le monoï ou mono’i en tahitien, est un produit protégé afin d’en garantir la qualité et l’authenticité. Son label “appellation d’origine”, on le doit au Syndicat des fabricants de Monoï de Tahiti qui s’est fédéré en 1988 afin de protéger ce joyau unique des nombreuses contrefaçons dont il était victime. Car, des exemples de publicités mensongères et d’appellation frauduleuse, il y en a eu, comme en témoignent Philippe et Nirvana Maunier, membres actifs du syndicat et créateurs de la marque Heiva : lors d’un voyage, je vois un flacon estampillé Monoï de Tahiti. Le liquide est transparent, ce qui n’est pas le cas avec du vrai mono’i. Lorsque je regarde la composition, je découvre qu’il y a moins de 1 % de mono’i dans la préparation. C’est pour éviter ce genre d’abus et garantir aux consommateurs un produit de qualité que nous avons demandé et obtenu l’appellation d’origine.
Aujourd’hui, le label aurait besoin d’être renforcé pour devenir encore plus protecteur et cohérent par rapport à la quantité de monoï disponible à la vente.
La marque Heiva fabrique du monoï depuis plus de 20 ans. Aujourd’hui, les flacons avec des bouchons clairs (blancs ou jaunes) identifient les flacons biodégradables, tandis que l’on peut venir recharger ses flacons en boutique.
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