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Vaiteani

Respirer, fermer les yeux, se centrer, les ouvrir, être soi dans le monde

Vaiteani et Luc sont un duo musical et des partenaires de vie. Après plusieurs années en Alsace, région natale de Luc, ils sentent le besoin de revenir au fenua pour se retrouver individuellement, renaître, reprendre leur souffle.


Après 7 années en France, à vivre intensément de leur art, le couple s’octroie une pause bien méritée. © Frank LORIOU



J’avais besoin de calme et de m’éloigner de ce qui m’était devenu toxique, confie Vaiteani. Les dernières années passées en France ont été anxiogènes pour moi : la covid et sa gestion, la peur propagée partout qui envahissait l’esprit et le cœur des gens… c’était difficile à vivre et je me sentais de plus en plus mal, à subir un monde qui dérape plutôt que de vivre et construire sereinement celui dont je rêve.



De gauche à droite : La fusion des cultures polynésienne et occidentale est une des marques de Vaiteani. Crédit-photo ©Stéphane-MAILION - Le groupe a clos sa tournée par un concert à Tahiti en février. Depuis, ils vivent, se remplissent de chaque seconde en famille et de nature. © Virgine-TETOOFA


Respirer

En France, le couple enchaîne les concerts, les salles, doit s’accommoder de conditions de vie et de voyage pas toujours évidentes à gérer pour des amoureux de la nature et des vastes espaces. Mais c’était à vivre et nous sommes pleinement heureux d’en avoir fait l’expérience totale, précise Luc. Seulement, nous sentions, Vaiteani et moi, que nous étions arrivés au bout de l’expérience, que nous devions nous accorder une pause.

Le couple aimant l’air pur remarque également qu’il se sent bien près des montagnes alsaciennes natales de Luc. Les villes, aucun des deux n’apprécie y passer trop de temps. Alors, après 7 années intenses, quand Vaiteani sent la nécessité de se ressourcer auprès de sa famille et de l’énergie de son île, qu’elle a besoin de respirer, la décision est vite prise de rentrer.


Fermer les yeux

Luc et Vaiteani sont des amoureux : de la nature, de la vie, de la joie, de la Terre. S’ils ont l’impression de s’être éloignés malgré eux de ce qui demeure essentiel à leurs yeux, c’est pour réinventer le rapport qu’ils entretiennent avec le sacré. Fermer les yeux pour trouver les réponses, fermer les yeux pour ralentir le rythme, fermer les yeux pour entrer à l’intérieur de soi.


J’ai appris la méditation avec ma grand-mère lorsque j’étais enfant, évoque Vaiteani. Avec la fatigue de la maternité, j’ai plus de mal à méditer mais, lorsque je le fais, je visualise des racines partant de mes pieds, m’ancrant fermement dans le sol. Je respire de façon plus apaisée après cela.


Le couple voit la spiritualité dans chaque seconde de vie

La méditation est un accès au calme intérieur et à plus de clarté et d’ancrage pour le couple. Mais Vaiteani et Luc voient la spiritualité dans tout, en chaque instant. © Valentine Livine


Si méditer semble contraignant ces derniers temps pour Vaiteani, elle passe par un autre biais afin de maintenir son lien au sacré. Je suis attentive aux messages que je reçois en rêve, car je sais que cela fait écho avec mon quotidien. Pendant très longtemps, j’ai écrit mes rêves. Aujourd’hui, si je le fais moins, je reste reliée à cet outil de développement qui est pour moi fluide et naturel.


Le couple voit la spiritualité dans chaque seconde de vie. Cela passe par la conscience que j’essaye d’amener dans mes pensées, mes paroles, mes actes, la qualité de ma présence, l’attention à la vie autour de moi comme le chant des oiseaux, le bruit de l’océan… évoque Luc.

Se centrer

Le rythme effréné de la vie d’artistes en France cumulé au stress de la gestion de la covid ainsi qu’à l’agrandissement de leur famille fait que Luc et Vaiteani ont eu besoin plus que jamais de se centrer… et dormir aussi ! Car la parentalité, aussi merveilleuse soit-elle, est épuisante !


Être mère, c’est le plus important pour moi à l’heure actuelle. La naissance de Tehau a été comme une révélation, ça m’a remplie de quelque chose que je n’arrive pas forcément à nommer. Mais, depuis 3 ans, nous sommes tous les 3 ensemble, toujours, mélangeant nos énergies dans notre vie de famille, d’artistes, alors j’ai besoin de retrouver un espace personnel. Rentrer sur ma terre, c’est comme m’autoriser à me poser, me reposer, m’ancrer à nouveau, explique Vaiteani.

Pour ce faire, la jeune mère sélectionne les contenus avec lesquels elle alimente son énergie et son être : je ne regarde plus de films dramatiques ou violents, je ne mange plus aucune viande depuis 2016, j’essaie au maximum de limiter les sources de stress, je recherche ce qui m’épanouit plutôt que ce qui me tire vers le bas. Hypersensible, Vaiteani apprend à accueillir cette grande réceptivité des émotions et des énergies environnantes, qu’elles proviennent de personnes, d’animaux, de végétaux, de lieux… Prendre le temps de se centrer reste primordial pour y arriver, parler aussi pour évacuer. Un apprentissage qu’elle suit aux côtés de Luc.


Je me questionne toujours sur comment vivre au mieux dans le moment présent. Tahiti m’aide beaucoup à profiter de chaque instant, car la nature m’apaise et me centre. Tout ce vert lorsque je regarde autour de moi est une invitation à plonger en moi.


Aller marcher le long de la rivière, se purifier sous les cascades, surfer sont des essentiels pour l’artiste et le jeune père. Elles le mettent dans un état de calme intérieur profond, état qu’il retrouve lors de méditations. Matin et soir, je prends le temps de méditer. Ça n’a pas à être long : une prière pour m’ancrer. Je fais aussi quelques exercices de yoga dans la journée.


Et son fils Tehau l’accompagne souvent sur le tapis de yoga. Un moment que Luc apprécie, lui qui est heureux d’être à Tahiti et d’endosser une nouvelle casquette : celle de père au foyer.


Le groupe a clos sa tournée par un concert à Tahiti en février. Depuis, ils vivent, se remplissent de chaque seconde en famille et de nature. ©Stéphane-MAILION


Tehau, déjà 3 ans !

Chaque parent le sait et le dit : “qu’est-ce que ça passe vite ”. Tehau, le fils de Luc et Vaiteani a déjà 3 ans. Il est donc plus que normal que le duo d’artistes prenne enfin une pause pour se remettre de ces trois années sur les chapeaux de roue. En attendant de renouer avec la scène, Vaiteani et Luc profitent de Tehau et des bonheurs simples de chaque jour, comme écouter les oiseaux, jouer, être ensemble.

Ouvrir les yeux

Le souhait de Vaiteani et Luc : faire que leur mode de vie rejoigne leurs valeurs et aspirations à cocréer un monde sain. Je me penche énormément sur la nutrition depuis un moment, raconte Luc. Je suis pescétarien depuis plus de 10 ans et, malgré cela, je ne me sens plus en phase avec mon alimentation, cela me dérange. Je veux aussi devenir plus autonome dans ma vie et ne plus dépendre d’un système avec lequel je me sens en désaccord sur de nombreux points. C’est cela dont j’ai vraiment pris conscience en France ces dernières années : ma dépendance à un système qui ne me satisfait plus.


Vaiteani, elle, revient à ses fondamentaux : Tahiti, sa famille, son métier de professeur. Ainsi, cette année 2023-2024, elle enseigne à nouveau l’anglais, s’éloigne des projecteurs, retourne en son cœur et cela lui fait du bien. Pour Vaiteani, l’harmonie renaît, elle reprend des forces. Ici, je me sens plus forte.

 

Vaiteani, un duo qui séduit à chaque scène

Luc et Vaiteani sont un duo musical qui a très rapidement conquis le cœur des auditeurs. Un premier album en 2017, un second en 2020, des scènes et ce besoin de pause. Une des caractéristiques du couple est sans nul doute la voix chaude et profonde de Vaiteani, sublimée et soutenue par l’accompagnement musical et vocal de Luc. Des textes en anglais et tahitien, parfois en français, un style qui évolue en permanence, mais garde son essence : l’expression authentique et sincère.

 

Être soi dans le monde

En février, les Vaiteani ont donné un ultime concert à Tahiti, comme pour clore leur tournée et amorcer véritablement leur renouveau.

Ils prennent une pause musicale pour mieux se retrouver individuellement, se réinventer. Il va sortir quelque chose de ce tournant de vie qu’ils exprimeront en musique, les deux artistes le savent, car la musique fait partie d’eux et sera toujours là. Mais, ils ont d’abord besoin, chacun, de rencontrer la nouvelle Vaiteani et le nouveau Luc, celle et celui qui sont nés de leur vie en Alsace, des concerts, de la maternité et la paternité.

C’est vital pour eux : j’ai besoin de vivre, de me remplir pour écrire et composer, confie Luc. J’ai l’envie de véhiculer des messages plus engagés également. Cela demande de la finesse afin de trouver le bon équilibre pour infuser mes valeurs en trouvant les mots justes pour parler de ce qui me tient à cœur.


Le prochain défi des artistes sera donc d’oser être soi dans le monde.

Si Luc semble prêt à franchir cette étape, Vaiteani, elle, a encore des résistances. Pour l’instant, j’aurais l’impression d’être face au monde plutôt qu’avec. Je ne suis pas à l’aise avec ça, car je n’aime pas les conflits, devoir argumenter autour de mes idées. Je sais que c’est notre prochaine étape, je prends le temps de me solidifier avant de me lancer dans cette future direction artistique.





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