Transmettre la passion de la glisse
Interview : Lorelei Quirin Photos : Lakana Fly Rédaction : Smile
Transmettre l’amour de l’océan et de la glisse est le crédo de Valérie et David, gérants de l’école Lakana Fly. Leur amour de l’océan et des sports de glisse leur ont donné l’envie de former des jeunes. Aujourd’hui, l’école souhaite accueillir encore plus de jeunes et les aider à s’épanouir sur l’eau, tout en apprenant à aimer l’océan.
Swan a la glisse dans le sang, c’est certain. Sans doute le contexte familial y est-il pour beau- coup... Sa maman Valérie est en effet la compagne de David Bourroux, champion de windsurf et créateur de l’école de kite Lakana Fly. Lakana est le nom de la pirogue traditionnelle des Vezo, un peuple malgache, nomades de la mer. L’école est donc, littéralement, la « pirogue volante ».
Valérie est arrivée en 1998 à Moorea. En 2008, elle souhaite prendre un cours de kite et rencontre David Bourroux, au motu Tiahura, qui propose depuis 2004 des cours et de la location de matériel pour glisseurs confirmés ou débutants accompagnés. David est un champion de windsurf. Il a découvert la planche à voile à 13 ans. A 17 ans, il participe à sa première coupe du monde, en Guadeloupe. Il a ensuite enchaîné les championnats, notamment à Carro, le spot du windsurf. En 1991, il est le premier à avoir réalisé, en compétition, un double forward loop (ou double front) ! Repéré par des sponsors, des magazines, il a alors commencé à voyager, tout autour du monde.
« UNE FAÇON DE VIVRE ET DE PENSER » Leur passion commune pour l’océan et la glisse était un prélude idéal à une belle histoire. Après leur rencontre, ils ont décidé de gérer ensemble leur école de surf, à Moorea. Leur envie est simple : transmettre leur passion aux jeunes. Mais d’où vient-elle, cette passion ? « Va sur l’eau et tu comprendras » est leur réponse.
« L’Océan fait complètement partie de notre vie depuis toujours. C’est très rare que l’on passe une journée sans aller dans l’eau ».
David ajoute : « On s’est toujours débrouillés pour habiter près de la mer. On a vécu sur un voilier pendant 2 ans et tous les jours après l’école, « Valou » emmenait les enfants au surf avant de faire les devoirs... » C’est comme une addiction, mais en mieux : une façon de penser et de vivre. Pour l’école, la gestion et le côté administra- tif reviennent à Valérie ; à David les cours et conseils, la connaissance des éléments marins, la technicité, les vents... « L’historique de tout sport de glisse, c’est sa vie », confie Valérie.
La connaissance du matériel aussi. « Après des années de compétition, l’envie de transmettre était naturelle », aime à reconnaître David.
« OSER SE METTRE À L’EAU » « Marqués par la culture qui entoure les sports de glisse et l’océan, on est toujours à l’affût des nouveaux jouets. Ce qui n’est pas toujours facile : les sports de glisse à l’heure d'aujourd'hui sont des sports de plus en plus chers. On a beaucoup de jeunes qui passent chez nous pour tester de nouvelles choses mais qui n'ont pas forcément les moyens de s’acheter du matériel aussi coûteux ».
Entre les tarifs et la passion de transmettre, le couple a vite fait son choix : « Nous ne sommes pas un gros business. L’argent gagné est directement remis dans le matériel. C’est la passion qui nous anime avant tout. On a aussi mis en place des stages pour les enfants de Moorea, pour qu’ils profitent de la mer à travers le kitesurf, le surf, le foil...
Tu ne peux pas t’imaginer le bonheur que tu as quand tu les vois avec leur sourire... alors qu'au début du stage ils flippent (rires). »
Théo Lhostis, que nous avions présenté en 2019 dans InstanTANE, fut de leurs élèves. Le wingfoil est un sport qui est en train d’exploser, en Polynésie comme partout dans le monde comme en Polynésie vu qu’il touche un peu tous les sports de glisse, autant les surfeurs que les windsurfeurs que les kitesurfeurs.
« UN MATÉRIEL ONÉREUX » Pour l’instant, c’est un sport onéreux, donc moins accessible. Pour le reste, David invite les jeunes à « customiser » leur matériel. « Pas besoin d’avoir du neuf ! J’ai des boards qui ont 20 ans que je répare et qui marchent presque mieux que des boards neuves. Surtout, quelque-soit le sup- port, il faut aller dans l’eau. » La leçon du jour !
L’une des difficultés rencontrées par l’école fut le problème de l’accès aux plages. Or, il fallait trouver un moyen de faire décoller les ailes de kite sans gêner personne. David a donc dessiné le DAKINE Boat, qui dispose d’une grande plateforme à l'avant, pour pouvoir gonfler les voiles, les faire décoller et bien sûr les faire atterrir. « Ça peut faire aussi dancefloor pour les jeunes à l’occasion », s’amuse-t-il.
Toute la famille est impliquée dans l’école : Swan aide à la surveillance des élèves, Milla sa sœur aide Valérie avec la location... quant aux jeunes du quartier, ils donnent des coups de main à David en fonction des besoins. Une grande famille, en quelque sorte. Lui, pense à eux : son rêve serait de se voir accorder des subventions afin d’agir auprès des enfants de milieux sociaux défavorisés, afin qu’ils puissent, eux-aussi, essayer le kitesurf ou accéder aux différents stages et, pourquoi pas, à des petites compétitions.
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