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Les fruitiers, joyaux des jardins

Ils ornent les bords de route, les forêts sauvages et les jardins privés, les parcs entretenus, les abords des marae ou les sentiers de randonnée. Selon la personne qui leur porte un intérêt, consommateur, promeneur, botaniste, les arbres fruitiers revêtent une signification, une définition parfois différente.


Dans la transition alimentaire en cours, ils sont essentiels.


Texte & photos : Delphine



Pour le consommateur, les fruitiers sont les végétaux qui donnent des fruits de préférence en Polynésie charnus, sucrés et peu acidulés.


Bananiers, papayers, avocatiers, arbre à pain... fournissent, en échange d’un mæinimum d’attention et d’entretien, de délicieux produits. Pour le botaniste, le fruit est le résultat de la fécondation de deux gamètes ; c’est l’organe végétal contenant une ou plusieurs graines.

Caractéristique des angiospermes (plantes qui portent des fleurs), le fruit succède à la fleur par transformation du pistil. La paroi de l’ovaire forme le péricarpe (paroi) du fruit et l’ovule donne la graine.

Aussi l’avocat est-il un fruit.« Mais au quotidien, en alimentaire, on considère comme fruitier un végétal qui produit des fruits charnus, sucrés et peu acidulés », définit Raimoana Oito, technicien agricole. Karima Miri, ingénieure responsable de la filière agrumiculture et fruits confirme. « En Polynésie, on aime les fruits vraiment sucrés par rapport à d’autres territoires. »


Bananiers, papayers, avocatiers, arbre à pain... fournissent, en échange d’un minimum d’attention & d’entretien,de délicieux produits.

En Polynésie, différentes espèces de fruitiers « communs » existent, ce sont principalement le bananier, le papayer, le manguier, l’arbre à pain (uru), l’avocatier, le cocotier, les agrumes (pamplemousses et citrons), le pitaya qui a connu un essor rapide ces dernières années, mis à la mode pour les qualités nutritives de son fruit. D’autres espèces poussent aisément, mais ils sont un peu moins représentés : figuier, ramboutan, pomme étoile, abiu, longane et récemment durian. « Il y a une très grande diversité d’espèces dont certaines restent à développer », constate Karima Miri. Les espèces se déclinent ensuite en différentes variétés. Raimoana Oito explique que, depuis la nuit des temps ou presque, la main de l’homme a dirigé la sélection et le croisement pour obtenir des variétés d’intérêt. L’intérêt étant déterminé en fonction des besoins : qualité du fruit, résistance aux maladies et ravageurs, productivité...


La Direction de l’agriculture ne travaille plus sur la sélection de variétés de fruitiers, il n’y a pas de besoins identifiés en ce sens, elle s’est orientée sur la mise en place de collections et la multiplication.



Un produit sain & savoureux

Les fruitiers, au-delà de l’aspect gourmand, offrent des aliments d’une très grande qualité nutritionnelle. Ils apportent des féculents comme le ‘uru, mais aussi beaucoup de minéraux et vitamines. Ils comptent parmi les essentiels d’une nourriture saine et équili- brée. Ils font partie de l’alimentation traditionnelle dans tout le Pacifique, de l’histoire de l’Océanie.

Dans un jardin, pour assurer une consommation familiale, il conviendra de choisir des bananiers, papayers, manguiers, avocatiers, citronniers, ‘uru voire cocotiers et pamplemoussiers. Ces arbres apprécient le climat de nos îles et s’épanouissent sans difficulté. Ils ne réclament pas une grande attention. Le choix des variétés dépend cependant de l’espace disponible, mais aussi de la qualité du sol. Par exemple, le figuier est bien adapté aux atolls.


Les arbres fruitiers sont plantés en plein soleil, à l’exception de quelques espèces comme le ramboutan, le mangoustanier et le cacaoyer. Celles-ci préfèrent un ombrage, au moins les premières années. Attention, mieux vaut éviter de planter des fruitiers à proximité d’une haie, d’un arbre de grande taille ou d’une forêt ; ils risqueraient de manquer de lumière, et de se développer anormalement. Respectez les distances de plantation minimales car il existe une concurrence spatiale visible (les branches)

et invisible (les racones).








La Chambre de l’agriculture et la pêche lagonnaire conseille pour les orangers, mandariniers, limettiers, pamplemoussiers, pomelos, ramboutan un espace de 7 m x 8 m correspondant à leur besoin de développement, pour les manguiers ou avocatiers, de 8 m x 8 m ; les fruitiers tropicaux (grands arbres) de 10 m x 10 m, les goyaviers de 6 m x 6 m. Certains arbres peuvent être plantés plus rapprochés selon la nature du porte greffe. Il faut se renseigner auprès des spécialistes.












Espèce ou variété ?

L’ensemble des espèces végétales et animales est l’expression la plus perceptible de la diversité biologique. D’un point de vue plus scientifique, l’espèce se définit comme unité de base de la classification des êtres vivants. Ses individus peuvent se reproduire entre eux et leur descendance peut également se reproduire. L’espèce est l’une des unités les plus connues de la classification botanique dans le règne végétal. Toutefois, il est évident qu’au sein d’une même espèce peut exister un large éventail de plantes très différentes.


Les agriculteurs et les producteurs ont besoin de végétaux présentant des caractères précis, qui soient adaptés à l’environnement dans lequel ils sont cultivés ainsi qu’aux méthodes de culture employées. Dès le néolithique, les hommes ont sélectionné plusieurs populations au sein de différentes espèces pour les domestiquer et les cultiver ; ils ont développé certaines qualités répondant à leurs besoins. Une variété végétale représente donc un groupe de plantes défini de façon plus précise, sélectionné à partir d’une espèce et doté d’un ensemble de caractères communs. Les bananiers sont cultivés dans plus de 120 pays, sur les 5 continents, ils comptent 1 000 à 1 500 variétés. Au fenua il y en aurait une trentaine.


Originaire de Nouvelle-Guinée il y a plus de 3 500 ans, l’arbre à pain (‘uru) a été diffusé dans tout le Pacifique lors des migrations polynésiennes et se rencontre dans la plupart des îles à proximité des zones habitées. Étant la base de la nourriture, des dizaines de variétés de uru ont été sélectionnées et reconnues à partir de la seule espèce : Artocarpus altilis.


 

Plantez & tutorez !

Pour celles et ceux qui veulent se lancer, voici les étapes à suivre. Creusez un trou de 1m3 soit (1 m x 1 m x 1 m). Si vous rencontrez une couche trop dure (argile, tuf ), il faudra un trou plus large et moins profond.

Rebouchez le trou en incorporant au fur et à mesure : une brouette (50 L) de fumier bien décomposé ou de terreau, 3 kg de chaux magnésienne, 1 kg de super phosphate et 1 kg de sulfate de potasse.


Confectionnez une butte de 30 cm de hauteur et de 1m de diamètre pour préserver les racines des excès d’eau. Pour conserver le plant en motte, enlevez le pot en tapant sur les parois pour décoller celles-ci de la motte. Éliminez au sécateur les racines qui se sont enroulées au fond du pot ou qui sont abîmées.


Par la suite, il est conseillé de tuteurer les jeunes plants. Choisissez comme tuteur une variété qui ne pourrit pas rapidement et qui ne se ré-enracine pas facilement afin de ne pas concurrencer le jeune plant. Fixez le plant à son tuteur avec par exemple un raphia naturel. Ne serrez pas afin d’éviter les risques d’étranglement quand l’arbre se développera. Une ligature lâche en forme de 8 est recommandée. Posez le tuteur en biais, face aux vents dominants. Enfin, éliminez le tuteur quelque mois après plantation : votre arbre devrait alors être assez vigoureux. Source : CAPL.


Quelques conseils sur les tailles maximales à ne pas dépasser pour simplifier l’entretient de la récolte


Nom /Taille max (en mètres)

Abiu / 2,4 à 3,6

Atemoya   / 2,4 à 3,6

Avocado  / 3 à 4,5

Sapote noire / 3,6 à 4,5

Pomme étoile / 2,4 à 3,6

Canistel / 3 à 3,6

Carambole / 1,8 à 3,6

Noix de cajou / 3 à 3,6

Citronnier / 3 à 4,2

Cacaoyer / 1,8 à 2,4

Caféier / 1,5 à 4,5

Cœur de bœuf / 2,4 à 3,6

Goyavier / 0,9 à 3,6

Jaboticaba / 2,4 à 3,6

Jacquier / 2,4 à 4,2

Longan / 3 à 4,5

Néflier du Japon / 1,8 à 3,6

Lychee / 3 à 4,5

Macadamia / 3,6 à 4,2

Mamey sapote / 3,6 à 4,5

Quenettier / 3,6 à 4,5

Manguier / 1,8 à 4,5

Grenadier / 2,7 à 3,6

Sapotillier / 3,6 à 4,5

Corrosolier / 2,4 à 3,6

Vi tahiti / 2,4 à 3,6

Pomme cannelle / 2,4 à 3,6

Sapote blanche / 3 à 4,5


SOIGNER & TAILLER

Concernant les soins à apporter, ils varient selon le sol mais aussi l’état sanitaire du plan, il est possible en cas de besoin d’apporter un fertilisant. La pulvérisation de pesticides n’est pas nécessaire. Des pièges à mouche du fruit peuvent en revanche être installés pour prévenir les attaques.


Les arbres doivent, en revanche être taillés (cf. tableau de taille ci-joint). Tout au long de la vie des arbres, il vous faudra les tailler. Il existe différents types de tailles qui ont, cha- cune, différentes fonctions comme : garantir un bon état sanitaire, obtenir des arbres dont les branches bénéficient du maximum d’ensoleillement pour une fructification homogène, limiter la hauteur et faciliter la récolte et les entretiens, éviter que les branches mortes prennent la lumière et que les branches tombent sous le poids des fruits, réduire l’ombrage des autres plants et la prise au vent de l’arbre, améliorer la pénétration de la lumière et les mouvements de l’air qui réduisent les maladies, faciliter la floraison et la production de fruit. Il existe les tailles de formation, d’entretien, de fructification... « Les tailles, et notamment la taille de fructification est technique », prévient Raimoana Oito. Aussi, il peut être intéressant de demander conseil à un technicien la première fois. En effet, une erreur peut freiner de manière importante la croissance du plant. Il faut disposer d’outils aiguisés et tailler proprement les plans afin qu’elle n’impacte pas la santé de la plante. Les coupes doivent être nettes et précises.

Retenez d’ores et déjà que, si la taille d’un arbre ne vous semble pas nécessaire, alors ne le taillez pas ! En Polynésie française, la taille est à privilégier de février à septembre.


Taillez de préférence juste après la récolte, pendant la phase dite « de repos ». S’il est difficile d’identifier la phase de repos après la pleine production, c’est le cas de certains avocatiers par exemple, taillez-les tous les deux ans, ou taillez annuellement la moitié de l’arbre.

Enfin, à la question : « combien de temps faut- il attendre avant de pouvoir se régaler des fruits de son jardin ? » La réponse est : « tout dépend ! » Le délai varie notamment du point de départ (allez-vous planter une graine ou bien un plan déjà formé ?) et de l’espèce. Si vous plantez des graines de papayer, vous pourrez envisager une tarte tatin à la papaye au bout de quelques mois. En revanche, pour un mangoustan, il vous faudra attendre une quinzaine d’année pour savourer votre production.


Nos conseils de tailles de formation des arbres fruitiers tropicaux


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