Textes et photos : Virginet Gillet
Pour le public, VAKI GLEIZAL est un DJ de talent, passionné de deep house, organisateur d’événements hautement festifs quand il ne gère pas un warm-up de Bob Sinclar. Pour ses collègues et étudiants, dans sa « vraie » vie professionnelle, Vaki Gleizal est un docteur en histoire spécialisé en civilisations polynésiennes, qui vient de contribuer à un bel ouvrage collectif. Pour d’autres, il est d’abord un surfeur, rugbyman, ceinture bleue de jiu-jitsu et golfeur émérite, sans oublier d’être un ami attentif et un père de famille aimant…
Mais qu’est-ce qui fait courir Vaki Gleizal ?
Né le 17 juillet 1981 à Papeete, il est le fils de Christian Gleizal, un éditeur féru d’histoire qui s’est fait un nom dans le milieu culturel polynésien en publiant notamment une Encyclopédie de la Polynésie française en sept volumes ainsi qu’un ouvrage devenu la Bible des tatoueurs, Te Patutiki, le dictionnaire du tatouage polynésien des îles Marquises, une référence qui nécessita 10 ans de recherches. Cette passion pour l’histoire, Christian Gleizal l’a transmise à ses fils, Teiki, l’aîné, et Vaki, qui sont tous deux devenus enseignants dans cette matière. Après un bac L obtenu au lycée Gauguin, celui qui nous intéresse tout particulièrement aujourd’hui obtint une licence à l’université de Polynésie française avant un master, un DEA puis un doctorat obtenus à Paris VII Jussieu. Sa thèse, soutenue en co-direction avec l’UPF, portait sur « Les spécificités de la colonisation tahitienne ».
Devenu professeur au lycée Aorai et chargé de cours en civilisations polynésiennes à l’UPF, Vaki aurait pu s’en tenir là pour remplir une vie également agrémentée de nombreux amis, d’une compagne et de deux enfants en bas âge. Mais pour celui qui a passé 10 ans de sa vie à Paris « à fonctionner à 200 à l’heure » avant de revenir au Fenua en 2009, « il faut bien occuper son temps » ! Un tourbillon fait de musique et de sport au milieu duquel ce grand anxieux a su trouver un équilibre.
Au-delà de cette polyvalence impressionnante, comment te qualifierais-tu en tant que personne ?
Vaki Gleizal : “C’est vrai que c’est un peu comme Dr Jekyll et Mr Hyde : j’ai l’impression d’avoir une double vie, prof la semaine et organisateur de soirées le week-end. Mais je suis d’abord un passionné. Passionné d’histoire du fait d’une transmission familiale due à mon papa, puis passionné de musique ainsi que de plusieurs disciplines sportives. Et comme je suis passionné par tout ce que je fais, en plus d’être d’une nature anxieuse, je vais toujours tout au bout de là où je peux aller dans chaque activité, qu’il s’agisse de mes études comme du reste. Je ne suis pas un compétiteur comme mon frère, j’ai toujours inclus la dimension plaisir au challenge.
Mais il me faut quand même une bonne dose d’énergie pour tout mener de front. Surtout cette année durant laquelle j’ai été beaucoup sollicité sur le plan professionnel, pour des cours en Prépa Sciences Po ou prendre part à une table ronde sur le fait nucléaire en Polynésie. Sans oublier que je suis quand même prof principal de terminale en lycée. Et ce sera pire l’année prochaine. Heureusement, j’arrive à prendre les choses une par une comme elles viennent et je sais me concentrer au moment M sur ce qu’il y a de plus important à faire. Je peux aussi passer des nuits presque blanches à réfléchir à certaines choses…”
Que t’apportent toutes ces activités en marge de ta vie professionnelle déjà bien dense ?
Vaki Gleizal : “Le golf est entré assez récemment dans ma vie, car on habite
à côté (du green de Moorea, NDLR). Mais c’est une discipline très addictive, qui m’apprend à mieux gérer
mes émotions et ma concentration.
C’est très bénéfique pour moi.
Le surf, j’en fais de moins en moins parce qu’entre les navettes en bateau
et les enfants, ça devient quand même de plus en plus compliqué.
Mais ça reste quand même le bonheur absolu de se retrouver à l’eau aux aurores avec les copains. Le rugby, j’adore, mais c’est un peu compliqué aussi car là il s’agit en prime de réunir toute une équipe. Je crois en tout cas que je ne rajouterai pas d’autres activités à toutes celles que j’ai déjà : j’ai trouvé mon équilibre "multi-facettes" entre ma famille magnifique et au complet, et toutes ces occupations dont certaines, comme le golf, me réservent encore une belle marge de progression. Ça me procure une bonne dose d’adrénaline et de nouveaux challenges, notamment grâce à la musique.
Tout cela m’aide à me prouver des choses à moi-même.
Et je trouve toujours le moyen de m’amuser !”
La musique tient vraiment une place très particulière dans ta vie… Comment en es-tu arrivé là, avec elle ?
Vaki Gleizal : “J’ai commencé par jouer de la batterie pendant 4 ans et ensuite, à Paris, j’ai découvert les platines vinyles et ça a été le début d’une grande passion. J’ai commencé à animer des anniversaires privés ; quand je suis rentré à Tahiti j’ai été pris pour mixer au Morrison’s. Tout s’est enchaîné. Peut-être parce que je propose de la deep house, un style musical pas agressif, dansant et qui me semble le plus adapté au cadre insulaire de tous les courants de la musique électronique. Ensuite, j’ai la chance d’être ami avec Florian Sodoyer (Studio 87), dont le métier consiste à faire venir ici des stars comme Bob Sinclar justement et je collabore régulièrement avec lui. J’ai aussi créé mon propre label en 2008, un label collectif, Temae records, avec l’apnéiste Denis Grosmaire. Par ce biais, on accueille des gens dans de superbes cadres pour faire la fête avec de la bonne musique. Le public nous suit là-dessus aussi depuis 10 ans et cet éclectisme, jusque dans cette façon de vivre cette passion de la musique, est encore une chance immense.”
Être un DJ qui cartonne dans un environnement aussi petit que Tahiti, est-ce que ce n’est pas difficile à gérer face à ses élèves quand on est… prof ?
Vaki Gleizal : “C’est vrai. À tel point qu’au début je mentais en disant que j’avais un jumeau qui mixait (rire). Maintenant je mets les choses au clair dès le départ : prof c’est mon activité professionnelle, le reste ma vie privée. En réalité j’ai toujours eu affaire à des jeunes extrêmement respectueux sur ce sujet.”
La musique tient vraiment une place très particulière dans ta vie… Comment en es-tu arrivé là, avec elle ?
Vaki Gleizal : “J’ai commencé par jouer de la batterie pendant 4 ans et ensuite, à Paris, j’ai découvert les platines vinyles et ça a été le début d’une grande passion. J’ai commencé à animer des anniversaires privés ; quand je suis rentré à Tahiti j’ai été pris pour mixer au Morrison’s. Tout s’est enchaîné. Peut-être parce que je propose de la deep house, un style musical pas agressif, dansant et qui me semble le plus adapté au cadre insulaire de tous les courants de la musique électronique. Ensuite, j’ai la chance d’être ami avec Florian Sodoyer (Studio 87), dont le métier consiste à faire venir ici des stars comme Bob Sinclar justement et je collabore régulièrement avec lui. J’ai aussi créé mon propre label en 2008, un label collectif, Temae records, avec l’apnéiste Denis Grosmaire. Par ce biais, on accueille des gens dans de superbes cadres pour faire la fête avec de la bonne musique. Le public nous suit là-dessus aussi depuis 10 ans et cet éclectisme, jusque dans cette façon de vivre cette passion de la musique, est encore une chance immense.”
Être un DJ qui cartonne dans un environnement aussi petit que Tahiti, est-ce que ce n’est pas difficile à gérer face à ses élèves quand on est… prof ?
Vaki Gleizal : “C’est vrai. À tel point qu’au début je mentais en disant que j’avais un jumeau qui mixait (rire). Maintenant je mets les choses au clair dès le départ : prof c’est mon activité professionnelle, le reste ma vie privée. En réalité j’ai toujours eu affaire à des jeunes extrêmement respectueux sur ce sujet.”
Il n’y a pas un risque de devenir un peu schizophrène quand même au milieu de toute cette… agitation ?
Vaki Gleizal : “Effectivement, pas toujours facile de relier les choses quand on a mixé juste avant Bob Sinclar devant 1 500 personnes le dimanche et que le lundi on fait cours sur le gouvernement de la France depuis 1946 ! Mais je sais que la musique ne durera pas toujours : il y a de la concurrence - plus jeune et avec d’autres styles - qui arrive. Quand je verrai que je fatigue les gens, j’arrêterai. D’autant que je crois avoir trouvé récemment la relève… En tout cas, c’est la musique que je ferai le choix de réduire le jour où je ne parviendrai plus à tout mener de front.”
En prime, tu résides sur Moorea, ce qui implique quelques contraintes quand on a la vie que tu mènes. Pourquoi ce choix ?
Vaki Gleizal : “Mes parents se sont installés à Moorea, en venant de Punaauia, juste après ma naissance et je ne les en remercierai jamais assez. J’adore mon île, c’est mon plus grand bonheur et j’en suis fier. Nous sommes une famille hyper soudée. Nous vivons dans un quartier familial à 30 mètres les uns des autres, avec mes frères mais aussi tous les amis d’enfance. Ce n’est pas toujours facile pour les compagnes… mais j’adore ce sentiment fort d’appartenance. Et puis je vis quand même là où les gens passent leurs vacances !”
Que t’inspire ton parcours avec un peu de recul ?
Vaki Gleizal : “Je n’ai jamais réfléchi en termes d’argent, de confort, de sécurité. Tout est toujours venu naturellement parce que je kiffais profondément ce que je faisais. Après j’avoue que j’ai bénéficié de bonnes conditions aussi : j’ai toujours reçu le soutien inconditionnel de mes parents. Mon père est mon modèle et j’en suis très fier. Quant à ma mère, c’était le réconfort indéfectible dans les moments de doute, d’éloignement. Je me mettais la pression tout seul, mais eux ne me l’ont jamais mise. Ils ne m’ont pas étouffé non plus. Ils me disaient toujours : « Si tu rates, ce n’est pas grave » tout en étant hyper fiers de moi. Ils m’ont porté.”
Vaki, tu fais partie d’un collectif d’auteurs, réuni sous la houlette d’Éric Conte, qui vient de publier l’ouvrage “Une histoire de Tahiti, des origines à nos jours” ; qu’est-ce qui t’a séduit dans cette démarche ?
Vaki Gleizal : “Cela faisait un moment qu’il n’y avait pas eu un livre qui raconte l’histoire du Fenua des origines à 2004… et ça fait un bien fou. L’idée a muri durant un moment et je suis agréablement surpris et content du résultat, qui est pour moi accessible dès le lycée, par des élèves de terminale. C’était un livre tellement nécessaire à une période où les Polynésiens cherchent leur identité. Une quête qui passe forcément par la connaissance de sa langue et de son histoire, quel que soit le peuple considéré. La danse et le tatouage ne suffisent pas… C’était donc une formidable idée de proposer une histoire « abordable » pour le lecteur lambda. Et une grande fierté d’avoir été choisi pour ce projet aux côtés d’enseignants-chercheurs reconnus. Je trouve qu’on a bien réussi.”
Vaki a traité de l’époque charnière du Protectorat français et de la mise en place du monde colonial, de 1842 à 1880, dans l’ouvrage collectif "Une histoire de Tahiti, des origines à nos jours qui vient de paraître aux éditions Au vent des îles".
Un extrait disponible en ligne :
https://fr.calameo.com/read/001508557f86adf6db87e
Plus d’infos sur le site de l’éditeur : https://www.auventdesiles.pf/catalogue/collections/sciences-humaines/une-histoire-de-tahiti-des-origines-a-nos-jours/Quelques vidéos d’interviews des auteurs sur la page FB de l’éditeur : https://www.facebook.com/au.vent.des.iles/
Impossible de finir cette interview sans parler des nombreux projets… que tu as forcément.
Mes projets sont clairs : être un bon père de famille; passer l'agrégation ou devenir maître de conférences à l'UPF; devenir index première série en golf; et musicalement profiter des derniers moments de projets possibles.
Autant dire que l’on n’a pas fini d’entendre parler de Vaki Gleizal…
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