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Autonomie alimentaire au fenua

La Chambre de l'Agriculture et de la Pêche lagonaire en pleine mutation pour renforcer l'autonomie alimentaire du Fenua.


La crise sanitaire que nous traversons depuis mars 2020 a mis plus que jamais en évidence la dépendance alimentaire de la Polynésie Française vis-à-vis de l'extérieur. Une situation à laquelle la chambre de l'Agriculture et de l'Agriculture et de la Pêche Lagonaire s'efforce, au même titre que les autres opérateurs concernés, de remédier à son niveau, en faisant évoluer ses missions et en renforçant l'éducation du grand public. Dans cette perspective, elle est en cours d'édition de deux nouveaux outils : des calendriers de fructification pour redécouvrir les saisonnalités des produits et un petit manuel du potager à destination de tous ceux qui souhaitent s'orienter vers leur autonomie alimentaire.



En matière d’agriculture, la stratégie du gouvernement reposait depuis plusieurs années déjà sur un renforcement de l’autonomie alimentaire, comme en témoigne le Schéma directeur de l’agriculture établi pour la période 2021-2030.


Rédigé bien en amont de sa mise en œuvre, ce document visait ainsi déjà à nourrir plus largement la population locale, en créant emplois et richesses, et en réduisant la dépendance du Fenua aux importations. La crise a donc révélé et exacerbé une situation connue, qui mobilise de longue date tous les partenaires institutionnels et les acteurs privés du monde agricole dans le but d’entreprendre une véritable mutation du secteur en ce sens. La chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL) en est un des fers de lance, notamment sur les plans de l’accompagnement des professionnels et de l’éducation des consommateurs.


La feuille de route

Créée initialement sous la forme d’une corporation en 1884, la chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL) est depuis en charge de nombreuses missions. La première d’entre elles consiste à représenter les professionnels du secteur, agriculteurs, éleveurs, horticulteurs et pêcheurs lagunaires auprès des instances gouvernementales et délibérantes afin de s’assurer que les textes adoptés soient cohérents et adaptés aux pratiques du monde agricole. La chambre a également une mission d’accompagnement et de conseil, tant sur le plan administratif que technique, de ces professionnels.


Elle est aussi amenée à prendre en charge certains des aspects liés à la promotion et à la commercialisation de leurs productions, propose des formations adaptées aux professionnels en activité de ce secteur et tient enfin le registre des agriculteurs et pêcheurs à travers la délivrance de cartes professionnelles leur permettant de vendre et de commercialiser leurs produits sur le marché local.


À ce jour, elle recense ainsi plus de 4 000 adhérents tous secteurs confondus.

Cette mission purement administrative lui a d’ailleurs permis de noter une forte recrudescence des demandes de primo-adhésion depuis 2019 pour des projets dont il s’agit désormais de s’assurer de la pérennité ; ce qui l’invite à renforcer son rôle en matière d’identification des potentiels professionnels.


"Nous avons de beaux produits locaux : il ne faut pas hésiter à les privilégier ! ", rappellent Heimana Ah-Min, secrétaire général de la CAPL, et Heipua Firuumaitere, en charge de la promotion et des événements au sein de la même instance.

Des chiffres en cours de réactualisation

La Polynésie dispose bien évidemment de ressources, qui permettent de couvrir une partie non négligeable, et par- fois même très conséquente, des besoins alimentaires de la population. Chaque mois, la chambre établit ainsi des prévisions de récolte pour chaque produit, à Tahiti, à Moorea et dans les îles ; prévisions qui relèvent d’un travail « protectionniste » permettant aux importateurs d’ajuster leurs commandes pour venir compléter la production locale. Reste que ces estimations reposent sur des données datant aujourd’hui d’une dizaine d’années et qui doivent donc faire l’objet d’une réactualisation afin de mieux rendre compte de la situation actuelle. Une réactualisation qui se fera parle biais du programme de recensement général agricole porté par la direction de l’agriculture et prévu pour 2022.




Une volonté politique forte et des moyens sans précédent


Pour autant, face à l’évolution pressentie de cette situation, nombre de mesures ont d’ores et déjà été prises visant à renforcer cette autosuffisance alimentaire. Depuis plusieurs années, le Pays a notamment débloqué d’importants moyens pour développer l’agriculture et la sylviculture, et créer de nouveaux débouchés. Les crédits alloués à la politique agricole sont ainsi passés de 1,3 milliards de Fcfp en 2016 à 8,6 milliards de Fcfp en 2020.




Mais avec le nouveau Schéma directeur de l’agriculture 2021-2030, le secteur est littéralement passé à la vitesse supérieure grâce à la mise à disposition de moyens humains, financiers et matériels inédits représentant un budget total de 100,5 milliards de Fcfp sur 10 ans.


Des thématiques devraient prochainement être mises en place sur les points de vente des différents Marchés des terroirs afin de promouvoir spécifiquement les produits de saison.

Une mutation déjà en cours

La chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire a suivi la même impulsion en faisant évoluer dans le même temps ses missions. Elle travaille ainsi déjà à renforcer la promotion et la mise en place d’événements permettant aux professionnels du secteur de commercialiser leurs productions.


En parallèle des Floralies et des éditions de la Foire agricole, qui existent de longue date, elle a donc mis en place au cours des 6 dernières années d’autres événements visant à développer les circuits courts. Connus sous le nom de Marchés du terroir, il s’en tient deux par mois (un à Papeete et un à Punaauia), mais l’opération devrait s’étendre sous peu (à l’heure où nous mettions sous presse) à d’autres communes, à commencer par Paea et la Presqu’île de Tahiti. Un renforcement de la fréquence de ces différentes manifestations est aussi à l’étude.



En plus de s’efforcer de créer de l’émulation entre acteurs du secteur, d’œuvrer dans le sens de la préservation des richesses et de l’environnement, mais aussi du renforcement de la sécurité alimentaire et d’accompagner toutes les transitions en cours dans les pratiques agricoles (notamment le développement et la reconversion vers le bio ou encore l’amélioration de la logistique soutenant la commercialisation sur Tahiti des productions des îles), la chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire renforce actuellement aussi sa communication à destination de la population, un autre point particulièrement névralgique.


Deux nouveaux outils très pratiques à destination du grand public

C’est dans cette optique qu’elle vient d’éditer les calendriers de fructification reproduits dans nos pages, réalisés par Marc Fabresse, responsable technique de la chambre, en collaboration avec le consultant indépendant en botanique et en foresterie polynésiennes Jean-François Butaud. Ces calendriers se proposent de faire redécouvrir aux consommateurs la saisonnalité de plus de 200 produits locaux. Ils seront largement diffusés, sous la forme de posters essentiellement, dans tous les établissements recevant du public et ont pour but avoué d’inciter aussi les producteurs et commerçants de la place à renforcer la diversité des fruits et légumes qu’ils cultivent ou offrent à la vente. Cette démarche s’inscrit dans la continuité de la campagne «Manger local» lancée en 2017 par la chambre ; une campagne qui est devenue son slogan principal avec la volonté d’en faire un vrai label local voué à promouvoir également un meilleur état de santé au sein de la population polynésienne.


La chambre a également pris l’initiale des fameux Market Drive, en remplacement des Marchés du terroir, durant le confinement.

Dans ce contexte de communication plus large à destination du grand public, la chambre prévoit encore la sortie ces jours-ci d’un manuel du potager pour encourager tous les particuliers qui le souhaiteraient dans la réalisation d’un petit fa’a’apu destiné prioritairement à nourrir leurs proches. Deux initiatives qui s’inscrivent résolument dans le cercle vertueux susceptible de nous mener collectivement vers la concrétisation de cette autonomie alimentaire.



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Dossier à retrouver dans votre magazine Tama'a #18


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