top of page

Félix Rocard la conversion au Bio

Félix Rocard est originaire de Raiatea. En quête d’autonomie alimentaire, il adopte un mode de vie au plus près de la nature. Pour vivre pleinement son art de vie, il apprend à renouer avec cette terre nourricière pleine des ressources qui nous entoure. il nous emmène au cœur de son Fa’a’apu, pour une découverte d’agriculture raisonnée.



Félix Rocard

est un jeune entrepreneur qui s’est orienté vers l’agriculture raisonnée par choix de vie et pérennité. Pour lui, c’est une décision d’avenir qui a du sens. Il y a peu, il a franchi une étape supplémentaire dans sa démarche. Il vise le bio depuis deux ans. « Aujourd’hui je suis en conversion bio, c’est-à-dire que je suis en phase de transition. J’ai mis du temps avant de passer le cap, notamment à cause des contraintes administratives, mais à force de rencontres et d’échanges avec l’association SPG Bio Fetia, ces difficultés se sont estompées. » Il y a en plus de l’administratif à gérer les déchets au quotidien, l’irrigation, la pollution d’un terrain existant à faire disparaître, etc. Ce sont des fondamentaux à adopter, « mais une fois lancé, les habitudes s’accordent et les difficultés disparaissent ».

Pour justifier son orientation Félix Rocard aborde la question économique, « intéressante » mais c’est surtout l’aspect santé qui lui importe. « C’est un mode de vie et une sécurité au quotidien. Car en plantant le sol, on crée une activité économique et une autonomie alimentaire ; si je ne vends pas je le mangerai. »


Aujourd’hui je suis en conversion bio, c’est-à-dire que je suis en phase de transition. J’ai mis du temps avant de passer le cap, notamment à cause des contraintes administratives, mais à force de rencontres et d’échanges avec l’association SPG Bio Fetia, ces difficultés se sont estompées.



Une orientation naturelle

Félix Rocard n’est pas issu du monde agricole. « Je m’y suis orienté naturellement et j’ai appris petit à petit, par moi-même. J’ai commencé à cultiver pour manger jusqu’à étendre ma culture sur l’ensemble de mon terrain familial et le terrain voisin, à titre d’entretien. »

Il a démarré avec un hectare en terrain domanial mais espère, à terme, travailler deux hectares. Il lui reste quelques leviers administratifs à lever. Il a opté pour l’instant pour des cultures les moins chronophages, comme la banane qu’il valorise pleinement en séchant les fruits et faisant du vinaigre. Les avocats et citrons, par exemple, sont stratégiques car ce sont des va- leurs sûres. Il faut un peu de maraîchage selon les saisons. Son fa’a’apu est en plein air, il n’a pas de serre.


Circuits courts

L’activité maraîchère est valorisée, par l’intermédiaire de Oikos, sous forme de paniers. « J’ai toujours voulu fonctionner en circuit court ; mais plus j’ai de clients, moins j’ai de temps pour cultiver. C’est une révolution d’avoir quelqu’un pour s’occuper de la partie vente des produits. » Ainsi, Félix Rocard peut se concentrer sur d’autres tâches.


Pendant un bon moment, il a dû réduire sa production pour développer ses cultures : mettre en avant ce qui se consomme et qui plaît facilement. Il a décidé, après réflexion, de mettre l’accent sur des plantes et légumes peu communs : épinards de Malabar, feuilles de patates douces, salade mauve, pourpier, moringa. Certains ne sont pas très connus sur le fenua, d’autres ont perdu leur cote car un peu gluants en bouche, par exemple, ou moins plaisants. « Faire connaître ces plantes peut servir si l’on veut tendre vers l’autonomie alimentaire des foyers. Je souhaiterais répondre à la problématique « qu’est-ce que l’on mange en période d’autonomie ? » c’est important et essentiel de pouvoir diversifier son régime alimentaire. »

D’après Félix Rocard, entre 5 et 10 espèces de plantes peu connues pourraient être exploitées. Il constate que les épisodes de confine- ment ont joué en faveur du retour à la terre, suscitant des envies d’indépendance alimentaire, proposant de nouvelles saveurs. En parallèle, il ne cesse de sensibiliser ses clients. Lorsqu’il propose les variétés oubliées et peu communes, « la plupart des personnes qui ont voyagé et qui aiment la découverte se lancent avec plaisir », décrit Félix Rocard. Pour ceux qui ne connaissent pas et ne cherchent pas à essayer, « il y a toute une sensibilisation à faire, tout un travail pour éveiller les curiosités pour pousser les consommateurs à se lancer ». Lors de la réalisation des paniers de légumes qu’il propose, Félix Rocard diversifie les plantes et légumes qui s’y trouvent, cela permet de valoriser un large panel de plantes.


En plus d’éduquer les consommateurs, Félix Rocard considère qu’il faudrait également faire évoluer les producteurs. « La monoculture et les productions intensives ne sont pas en accord avec la nature. Face à ce constat, un petit producteur ne peut pas rivaliser. »

Naturellement les plantes entretiennent des relations entre elles, c’est tout l’écosystème qui assure une diversité et une adaptabilité pérenne. « Dans une monoculture, c’est une lutte permanente entre l’agriculteur qui essaie d’assurer sa récolte et celle des légumes qui essaient de survivre. Il faut savoir qu’une mono-culture présente des avantages de rendements en quantité mais appauvrit le sol et est moins pérenne à long terme. Une plus grande diversification donne ainsi à tous ; une partie à la nature, et l’autre à l’agriculteur. Un avenir plus diversifié apporterait un gage de sécurité ».


La monoculture est la culture d’une seule espèce de plantes sur une même parcelle au cours des années successives. L’agriculture raisonnée est un système de production agricole dont l’objectif premier est d’optimiser le résultat économique en maîtrisant les substances chimiques utilisées (pesticides, engrais) dans le but de limiter leur impact sur l’environnement.


Les étapes de la conversion

Pour obtenir la garanti Bio Pasifika, il faut d’abord adhérer à l’association et remplir un plan de gestion biologique (PGB). Puis il faut faire auditer le fa’a’apu par un binôme consommateur-producteur. Si be- soin, des actions correctives peuvent être apportées avant l’inspection finale prévue 6 mois plus tard. À l’issue des deux inspections, le dossier est étudié lors d’une commission de conformité (CDC) qui accorde la garantie pour une année. S’il s’agit d’un fa’a’apu conventionnel, il y a une période de conversion de 3 ans. Si le dossier passe à la CDC le producteur doit utiliser le label « en conversion » pendant 3 ans avant de pouvoir utiliser le label « Bio Pasifika ».




 

Disponible en direct avec Oikos Facebook : Le Panier sauvage de Raiatea ‘Ete ‘Oviri

 



Vous souhaitez en savoir plus ?

Dossier à retrouver dans votre magazine Tama'a #22 - février 2022

bottom of page