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HA UNE TE NATURA

Tresser la nature


Rehia Itchner a créé Ha Une Te Natura, perpétuant l’art ancestral polynésien du tressage en lui insufflant une agréable dose de modernité ! Formations, ateliers, conceptions florales... Rehia transmet autant qu’elle crée, valorisant la confection d’objets beaux, utiles et écologiques.


© Texte : Valentine Livine - Photos : Valentine Livine & Ha Une Te Natura

Rehia Itchner utilise les palmes de cocotier pour confectionner des objets aussi utiles que beaux.


LE PUPU, CERCLE JOYEUX

Les femmes, en Polynésie, avaient et ont encore le secret du tressage. Lorsqu’elles se retrouvent pour tresser, elles se réunissent en vastes cercles appelés pupu. Ils sont l’occasion pour les tresseuses de se rassembler en un mouvement joyeux et créatif.

Rehia Itchner, elle, invite tout un chacun dans son pupu, le temps de la confection de chapeaux, mais aussi de panières à jouets ou à linge, d’abat-jours... Rehia revalorise la palme de cocotier, matière tellement accessible en Polynésie, emblème des tropiques. Elle apprend à tout faire lors d’un instant suspendu entre rires, bavardages, concentration extrême et confidences.


Rehia Itchner adore transmettre sa passion du tressage aux femmes de tous les horizons. Ha Une Te Natura, c’est l’assurance d’une couronne de tête atypique et moderne. Du rythme aux végétaux utilisés, Rehia casse les codes établis pour embellir la femme autant que le végétal.


TRESSEUSE DE PALMES ET DE LIENS

On croit venir simplement apprendre à réaliser un chapeau en nī’au (palme de cocotier), et on en vient naturellement, presque avec surprise, à se confier et partager douleurs et joies ! C’est la magie de Rehia Itchner, la fée de Ha Une Te Natura. Auprès de sa présence douce, sous sa guidance bienveillante, nous entrons dans un espace créatif hors du temps.


Le style oscille entre un vinyasa & un yin yoga

À mesure que nous confectionnons un objet, nous façonnons notre nouveau moi. Le tressage occupe nos mains et notre esprit, la création ouvre notre cœur qui, à nu, se dépouille de ce qui le leste. Les sœurs de tressage présentes sont en résonance avec nos blessures, nous nous guérissons mutuellement. Quand j’ai commencé Ha Une Te Natura, j’étais en larmes à chaque fin d’atelier, confie Rehia. J’étais tellement touchée de voir ces femmes se métamorphoser sous mes yeux. Après trois ans d’activité, Rehia Itchner est toujours émue d’assister à la création de liens puissants entre les apprenties tresseuses. Même si elles ne se revoient pas après, ce qu’elles vivent ensemble à cet instant précis est magnifique...


MÉDITATION ET SOLLICITATION SENSORIELLE

Tresser est particulier, c’est comme entrer en état de conscience modifiée. Lorsque les participantes s’installent autour de la table ou sur le pē’ue, elles sont joyeuses et bavardes. Chacune se munit de son nī’au (fibre de cocotier), d’un cutter au besoin et les regards se tournent vers Rehia. La tresseuse entame les explications et la démonstration, les autres suivent.


Le temps passe, les badinages et les rires s’estompent progressivement. Les femmes accordent mystiquement leur rythme, le groupe tresse à l’unisson. Chacune se laisse absorber par l’énergie du groupe, la sienne, celle de la matière. On pénètre à l’intérieur de son être. Car le tressage est une activité méditative invitant à plonger en soi et dans la matière. Les sens sont sollicités : le toucher par le contact direct avec le végétal, l’ouïe par le son des glissements et frottements au tressage, l’odorat par le parfum des fleurs et végétaux utilisés, la vue par les couleurs, les formes créées...


Le trempage au sel de mer permet de retirer le suc de la fibre, et donc de préserver la palme de cocotier. L’objet peut être trempé autant de fois que nécessaire au fil du temps.



Les femmes apprennent à confectionner autant des éventails (en cours de tressage sur la photo),

que des chapeaux (déjà tressés et portés !).



VALORISER LE VÉGÉTAL

Rehia est une des rares personnes à utiliser le cocotier comme matériau principal, tombé en désuétude au profit du pandanus. Pour se fournir en quantité suffisante, la tresseuse lance un appel sur Facebook et achète les palmes aux propriétaires des arbres. Je suis ainsi sûre d’avoir la matière première et, en plus, cela profite aux familles qui jouent le jeu. J’aime cette démarche en circuit court tout comme la valorisation du végétal qui est plutôt considéré comme un déchet. Cette valorisation se retrouve dans toutes les créations de Rehia.



Ses couronnes de fleurs sont uniques, atypiques et très modernes.

J’adore utiliser des fleurs ou des plantes auxquelles on ne pense pas tout de suite lorsqu’on imagine une couronne de tête. Ensuite, j’affectionne tout particulièrement de casser les rythmes. Je ne reproduis pas un motif végétal sur le pourtour de la couronne, mais je crée des petits bouquets qui, ensemble, forment un tout élégant. Cette façon de faire est plus dure qu’il n’y paraît car les différents bouquets doivent vraiment s’harmoniser pour que la couronne soit belle. Mais c’est un des points forts de Rehia : une création libre, moderne et très élégante.


UN MÉTIER AUX MULTIPLES FACETTES

Ha Une Te Natura est le métier de cœur de Rehia Itchner. Avant de travailler à son compte, elle était dans l’importation de produits destinés à l’hôtellerie. Ses études en management international lui ont assuré un début de carrière intéressant, mais qui s’est rapidement heurté à ses convictions écologiques. Avec son activité de tressage, Rehia vit en accord avec ses valeurs et le mode de vie plus simple qu’elle expérimente au quotidien.

Je suis heureuse de pouvoir créer en toute simplicité, en utilisant ce que j’ai sous la main et sous les yeux plutôt que de continuer à importer en masse. Avec Ha Une Te Natura, je suis comblée car ce métier, je le décline en de multiples activités complémentaires. Je ne m’ennuie pas, je me renouvelle et je me challenge dans de nouveaux défis très souvent !


Rehia Itchner confectionne des couronnes à la demande, conçoit des objets en palme de cocotier (chapeaux, éventails, panières, sacs, abat-jours...), est formatrice et anime des ateliers de tressage dans les mairies, pour des comités d’entreprise, etc. Rehia transmet son art à toutes les personnes désireuses d’apprendre à ses côtés. La suite de Ha Une Te Natura n’est pas figée : c’est ce que j’aime dans mon “travail”. J’accueille les évolutions et le flow de la créativité avec joie et ouverture afin de pouvoir les partager lors de moments précieux entre femmes de tous horizons.


Ha Une Te Natura, je suis comblée car ce métier, je le décline en de multiples activités complémentaires.




Vous souhaitez en savoir plus ?

Dossier à retrouver dans votre magazine Tahiti Wellness #05 - décembre 2022

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