Enseignante spécialisée en orthopédagogie au Canada durant plusieurs années, Vanessa Clément, installée au fenua depuis 2005, n’a eu de cesse de continuer à se former afin de mieux comprendre les difficultés qu’elle rencontrait chez les enfants et leur apporter des solutions en vue d’améliorer leurs apprentissages. Aujourd’hui praticienne en neuro-intégration et en IMP, intégration motrice primordiale, elle met cet outil à la disposition de tous afin de permettre aux adultes comme aux enfants de récupérer leur plein potentiel, c’est-à-dire leur capacité à vivre et à faire les choses de manière optimale dans leur quotidien.
Lorsque Vanessa est arrivée en Polynésie, forte de sa formation initiale attachée à un système éducatif très différent de celui de la métropole, elle a d’abord œuvré un certain temps auprès des enfants trisomiques du Fare Heimanava et des enfants en difficulté pris en charge par la Maison pour tous de Punaauia, en tant notamment que coordinatrice de projets visant à soutenir leur développement. Après son intégration au sein de l’Éducation nationale, elle y a ensuite travaillé durant 10 années en s’efforçant toujours d’apporter d’autres solutions aux enfants en difficulté que « le seul enseignement scolaire ». Il lui a, en effet, toujours paru indispensable d’aller trouver les problèmes court-circuitant les apprentissages à la base.
Souvent les personnes n’ont pas la capacité de récupérer seules des réflexes perdus, et ce, quelle que soit la raison de cette perte. Le sport, néanmoins, peut aider beaucoup à la réintégration de ces réflexes.
Mue par cette impulsion personnelle, elle choisit de partir se former en France d’août 2018 à août 2019 afin d’acquérir diverses techniques faisant appel au mouvement pour renforcer l’apprentissage. « J’avais déjà tellement eu l’occasion de constater que plus on faisait bouger les enfants, plus il était facile ensuite de les garder attentifs, concentrés et de les mettre en positon de travail scolaire... » L’enseignante se forme alors à Paris en graphothérapie, en neuro-intégration à Grenoble et en IMP, à Nantes ainsi qu’à Caen. Elle suit cette dernière formation avec Paul Landon, le fondateur même de la méthode française, élaborée en 2009 à partir notamment de la synthèse de nombreux travaux de chercheurs étrangers, le plus souvent spécialisés en neurosciences. Après avoir constaté que cette approche concerne réellement tout le monde, des bébés aux personnes âgées, malgré des bénéfices différents en fonction des stades de la vie, elle saute le pas et choisit, de retour en Polynésie, d’ouvrir le centre « L’éveil des génies », où elle accueille depuis octobre 2019 un très large public, enfants et parents des enfants pour commencer.
TRAVAILLER SUR LE BIEN-ÊTRE PAR LE BIAIS DU CORPS L’IMP, intégralement fondée sur le lien existant entre le corps et le cerveau, lien constitutif de notre unité, est donc une approche éducative qui vise l’intégration des réflexes archaïques, ces fameux réflexes dont il existe plusieurs dizaines et que l’on teste dès la naissance chez les bébés, grâce à des mouvements, réalisés souvent mais pas toujours à l’aide d’outils et accessoires. Ces réflexes souvent méconnus, mais qui vont littéralement servir de « patrons » ensuite à diverses fonctions du corps, sont en réalité à la base de notre développement neuro-sensori-moteur. Ils sont donc, autrement dit, à la base de tout notre développement cognitif, émotionnel et postural, complétés par les mouvements primordiaux et les réflexes de vie, surtout travaillés chez les adultes. Exemple concret de ces réflexes archaïques : le bébé qui agrippe automatiquement un doigt qu’on lui met dans la main. Ce réflexe totalement involontaire sera la base de tout mouvement volontaire ultérieur comme celui de tenir son crayon ou sa fourchette.
Si ces réflexes ne s’intègrent pas totalement, de nombreuses difficultés vont apparaître. Mais ils peuvent aussi être perdus à la suite d’accidents, de traumatismes émotionnels ou autres ; une perte, qui occasionnera également toutes sortes de difficultés potentielles puisqu’un réflexe mal intégré vient parasiter le cerveau à qui il demande beaucoup plus d’efforts pour faire les choses, en occasionnant au passage pas mal de fatigue. Ces carences que l’on rencontre de la même façon chez les enfants privés d’une motricité libre et les plus grands qui ne sont jamais dans le mouvement ont en tout cas des répercussions extrêmement concrètes, plus ou moins larges et ponctuelles, mais qui impactent toujours au quotidien notre capacité à faire les choses. Second exemple faisant écho au premier : la capacité à lâcher-prise sur les situations est intrinsèquement reliée à ce fameux réflexe d’agrippement.
DES SÉANCES DIFFÉRENTES POUR LES ADULTES ET LES ENFANTS
Chez les enfants, pour lesquels on dispose en outre d’outils concrets afin de mesurer l’évolution, les séances d’IMP comprennent forcément de la neuro-intégration et sont surtout ciblées sur les apprentissages scolaires quantifiables permettant un feedback immédiat (lecture, écriture, mathématiques...). Pour les adultes, le praticien fonctionne différemment en commençant par prédéterminer avec la personne un objectif, qui varie potentiellement beaucoup de l’un à l’autre. La démarche peut s’avérer délicate car derrière des problématiques aussi vastes que le manque de confiance en soi ou la timidité, par exemple, on va aller chercher les moments et situations précis durant lesquels la personne manque de confiance en elle ou se sent intimidée ; des sentiments qu’elle n’éprouve en réalité que ponctuellement. « La question que l’on pose lors de la première séance est «qu’est-ce que tu cherches à améliorer pour toi ?». L’idée est de déterminer un objectif positif ; on est dans quelque chose que l’on veut gagner.
Ensuite, on teste les réflexes pour savoir quels sont ceux qui parasitent et empêchent l’atteinte de cet objectif. Une fois ces derniers trouvés, on en choisit un, le plus souvent c’est la personne elle-même qui le fait après qu’on lui a expliqué leurs impacts sur sa situation. Puis, par le biais de petits mouvements, on va réintégrer ce réflexe. Après cela, il s’agira de consolider cette ouverture, en complétant le travail du cabinet grâce à de petits exercices réalisés chaque jour durant quelques minutes à la maison. Reprendre possession de son corps permet de reprendre possession de ses capacités. Il ne faut jamais perdre de vue que ces réflexes doivent aussi être entretenus au long cours par le mouvement. Sinon, on les perd ». L’intégration d’un réflexe en tant que telle peut prendre jusqu’à 6 semaines à l’issue desquelles un nouveau bilan est sou- vent proposé pour évaluer la suite.
« Je ne suis pas là pour faire parler les gens, mais pour faire parler leur corps »
Si toutes les personnes engagées dans une démarche de changement sont susceptibles de grandement profiter des bienfaits de l’IMP, Vanessa Clément souligne particulièrement le grand intérêt représenté par l’intégration motrice primordiale pour les personnes âgées, souvent confrontées à des difficultés dans leur mobilité. Elle leur rend possible en effet la prolongation d’un corps optimal, même si les objectifs sont différents de ceux des personnes plus jeunes, et peut très efficacement contribuer à améliorer leur quotidien, le plus longtemps possible.
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Vanessa Clément Centre L’éveil des génies, immeuble du restaurant Le Cheval d’or, Taunoa, Papeete 87 23 60 81 Mail : centreleveildesgenies@gmail.com
Site : https://centreleveildesgenies.com
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