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La contraception naturelle renouer avec le sacré

© Texte : Valentine Livine - Photos : Valentine Livine / Banque d’images


Parmi les croyances limitantes de beaucoup d’hommes et femmes, la contraception naturelle est peu fiable, régressive. Nous vous présentons ce qu’elle est réellement, la liberté et la richesse qu’elle développe au sein du couple, la beauté de la pratique au quotidien pour la femme.


UN ENSEMBLE DE MÉTHODES

La contraception naturelle regroupe un ensemble de méthodes contraceptives non hormonales visant, pour un couple, à identifier la fenêtre de fertilité de la femme.

Le but : éviter un rapport sexuel fécondant ou, au contraire, concevoir un enfant. Les méthodes sont dites naturelles car sans hormones, à l’inverse des pilules, implants, stérilets, patchs. Les couples adoptant ces conduites se forment sur le tas, car peu de médecins ou gynécologues encouragent ces pratiques qu’ils ne connaissent pas ou si peu. Elles sont pourtant efficaces de 95 à 98 % si l’utilisation est parfaite, de 75 à 88 % si elle est approximative.


La contraception naturelle est un engagement du couple, une responsabilité partagée.


Les différentes méthodes

• L’abstinence périodique, ou méthode Ogino

Elle se base sur l’identification de la fenêtre de fertilité de la femme sur calcul calendaire. Son hypothèse : l’ovulation arrive chaque mois à la même date (occultant de ce fait les cycles irréguliers). Elle demande l’impossible : des cycles menstruels réglés comme du papier à musique. L’abstinence périodique, pour être efficace, doit être un outil de méthode naturelle plutôt que la méthode ! D’ailleurs, les couples l’utilisent largement, associée à des approches plus fiables, ou en cas de doute.

• La « symptothermie »

La femme relève sa température chaque matin au réveil, dans le lit, à la même heure et selon le même procédé (buccal, sous l’aisselle ou anal). Le but : repérer le pic de température atteint lors de l’ovulation. D’autres facteurs sont pris en compte (stress, rapports sexuels, événements...) car tout peut influer sur l’ovulation. Cette méthode, fiable à 95 %, est contraignante car requérant beaucoup de discipline. Les données doivent être collectées à la même heure, à condition d’avoir dormi profondément 4 heures d’affilée. Des applis aident à comprendre le mécanisme et à valider vos résultats. Souvent couplée à la méthode Billings, la « symptothermie » convient à tous les types de cycle.

• L’observation des gLaires cervicales

L’observation et la sensation des glaires cervicales, aussi appelée méthode Billings, aide à identifier l’ovulation grâce à la variation des sécrétions, qui changent en quantité et en qualité selon la période du cycle. Elle convient particulièrement aux femmes ayant des cycles irréguliers : elles auront des repères tangibles pour déterminer la phase de leur cycle. Cette approche simple offre à la femme des indicateurs fiables, ainsi qu’une bonne connaissance de son corps.


• Le toucher du coL de L’utérus

Excellent complément aux autres méthodes, cette approche apprend à la femme à renouer avec son temple sacré et à se créer un schéma de son intériorité. La position du col, sa fermeté, son ouverture variant au cours du cycle, la femme sait reconnaître dans quelle phase elle se situe. Pour se rendre compte de l’évolution du col, il faut garder la même position d’exploration, se détendre et expérimenter. Méthode fiable et idéale pour des cycles irréguliers.

• Le slip chauffant

La méthode contraceptive s’adresse aux hommes et date d’il y a... 40ans ! Le slip chauffant est un sous-vêtement qui vient placer les testicules près du corps, augmentant leur température de 2° C pour freiner la production de spermatozoïdes. L’homme est infertile, mais le redevient dès qu’il arrête de porter le slip. Efficace, cette méthode est néanmoins contraignante puisqu’il faut porter le slip 15 heures par jour, 7 jours sur 7. Pour l’instant, on en obtient sur prescription médicale.

• Le retrait

Le retrait de l’homme avant l’éjaculation est également une méthode de contraception naturelle, mais peu fiable en raison du liquide séminal libéré avant l’éjaculation. Même si le partenaire se retire, des spermatozoïdes peuvent être présents dans le corps de la femme. La technique du retrait est à combiner impérativement à des approches plus efficaces.

• La méthode mama

Elle concerne les mères allaitant au sein exclusivement n’ayant pas encore eu leur retour de couches. Peu fiable, elle repose sur des facteurs hors de contrôle comme le sommeil de l’enfant, son appétit et l’espacement de ses besoins d’être au sein. Très aléatoire, nous vous la déconseillons.


Les méthodes naturelles de contraception sont non hormonales, donc sans effets secondaires.


DÉPASSER LES PRÉJUGÉS

Nombreux sont les préjugés autour de la contraception naturelle. Le premier étant qu’elle n’est pas fiable, le second qu’il faut avoir un cycle menstruel régulier, le troisième que c’est une régression sociale et de l’antiféminisme. Il n’en est rien. Les approches naturelles sont fiables de 95 à 98 %, et, comme elles se basent sur les facteurs propres à chaque femme, quelle(s) que soi(en)t la régularité et/ou la durée du cycle, celle-ci peut se fier à son corps.

Ces femmes sont souvent des féministes, exploratrices de la dimension sacrée des menstruations. Elles honorent leur corps, leurs sœurs et leurs ancêtres, la nature et la vie, regagnant leur liberté, recouvrant leur santé et transmettant aux jeunes filles leurs connaissances.

RESPONSABILITÉ PARTAGÉE

Les méthodes naturelles de contrôle des naissances sont l’affaire du couple et cela change toute la perspective de la sexualité. Elles servent autant à éviter qu’à concevoir une grossesse. La charge contraceptive est partagée, devenant la responsabilité du couple plus uniquement celle de la femme car les partenaires connaissent tous les deux la fenêtre de fertilité de cette dernière.


Opter pour une contraception naturelle promet de belles discussions venant enrichir le couple : expliquer son choix, les périodes fertiles ou non, le traitement chimique quotidien que l’on refuse, les effets secondaires inévitables que l’on ne veut plus supporter, le besoin de retrouver le sacré dans le cycle... Autant de moments qui vont souder le couple, renforcer la confiance entre les partenaires et ouvrir un espace de dialogue pour une compréhension mutuelle. La sexualité est également bonifiée car le couple, plus communicant, réinvente sa façon d’entrer en connexion. Sensualité, tendresse, variété sexuelle, le couple explore, en toute confiance et décuple les ressentis.


Les approches contraceptives naturelles servent autant à éviter qu’à concevoir une grossesse.


Les + et les - des méthodes naturelles de contraception
Les + :
  • Pas d’effets secondaires ;

  • Gratuité des méthodes ; Connaissance de son corps ;

  • « Reliance » au sacré ;

  • Communication dans le couple ;

  • Implication du partenaire ;

  • Variété sexuelle, séduction, tendresse, jeux amoureux, sensualité.

Les - :
  • Ne protègent pas des infections sexuellement transmissibles ;

  • Nécessitent une période d’apprentissage ;

  • Autoapprentissage ;

  • Demande de la discipline ;

  • Période d’abstinence lors de la fenêtre de fertilité.


SE RÉAPPROPRIER SON CORPS

Pour appliquer ces méthodes de contraception, la femme doit comprendre son cycle menstruel. C’est tout un apprentissage (ou réapprentissage) car son fonctionnement physiologique est enseigné au collège et au lycée, au moment où les adolescents, en pleines transformations corporelle, spirituelle, mentale, sont peu réceptifs. Dès l’entrée dans la sexualité, les femmes se font prescrire un contraceptif hormonal qui bloque le cycle menstruel, et déconseiller toute autre approche contraceptive qui pourrait leur permettre de l’appréhender.


Pourtant, les menstrues vont rythmer la vie d’une femme (et celle d’un homme par effet papillon) de la puberté à la ménopause, soit près de 40 années. Le grand cadeau des méthodes naturelles est incontestable- ment de laisser la femme vivre ses menstrues de façon authentique. Cela conduit à la connaissance de soi. La femme reconnecte et reprend contact avec le sacré en elle, renoue avec sa féminité, comprend et honore ses lunes, retrouve sa souveraineté. Ainsi, chaque femme prend conscience de la façon dont réagit son corps au cours de son cycle, prend la mesure de l’influence de ce dernier sur sa personnalité et sur ses énergies créatrices. Elle se réapproprie son corps.



COMPRENDRE SON CYCLE

Pour que les méthodes soient efficaces, il est indispensable d’intégrer le fonctionne- ment du cycle menstruel, de réapprendre. Coupées de leur corps avec les contraceptifs conventionnels, les femmes partent avec peu de connaissances d’elles-mêmes. Au quotidien, se redécouvrir, c’est très beau à vivre. On expérimente la « reliance » du féminin et du masculin sacré en nous et au sein du couple. Nous réalisons que nous, les femmes, sommes des êtres cycliques évoluant au rythme des saisons, des cycles lunaires, que ce macrocosme se retrouve en nous, se reflète dans le microcosme de notre cycle menstruel. C’est en ça qu’il est sacré. Identifier nos saisons, en quoi elles nous affectent et comment organiser notre quotidien pour un plus grand confort est un voyage libérateur. C’est là que la femme regagne son autonomie et sa puissance.


 

Régulier ou irrégulier ? Le cycle menstruel commence le premier jour des règles, se termine le premier jour des règles suivantes. On parle de cycle menstruel régulier lorsque la durée dudit cycle oscille entre 3 à 5 jours d’écart maximum. Au-delà, on parle de cycle irrégulier.


 

La femme utilise un support qui lui inspire de la joie et de la beauté pour noter tout ce qui est significatif afin de définir sa fenêtre de fertilité.


Notez tout : Les sensations, les rêves, les pensées en lien avec les règles, les émotions qui vous traversent, les jours de règles et combien de temps elles durent, le désir sexuel, la créativité...

Deux livres aussi inspirants qu’éducatifs pour comprendre le cycle menstruel aussi bien de façon physiologique que spirituelle. Deux excellents guides, l’un pour les couples, l’autre pour les jeunes filles.


La pilule, vraiment libératrice ?

Dans les années 50, aux États-Unis, le Dr Gregory Pincus et son équipe mettent au point Enovid, le premier médicament hormonal bloquant l’ovulation. Arrivé en France en 1967, il est vendu comme vecteur d’autonomie, de liberté et de libération sexuelle. C’est aussi un moyen fiable d’éviter les avortements illégaux et approximatifs de l’époque. 50 ans après, la pilule a-t-elle tenu ses promesses ? La pilule est un médicament à ingérer à heure fixe quotidiennement, modifiant la chimie interne, bloquant le fonctionnement des organes reproducteurs de la femme, la coupant ainsi de son corps, lui faisant porter seule la charge contraceptive, ayant son lot d’effets secondaires... Et si la pilule était un outil de contrôle plus que de libération ? La vraie autonomie et libération ne consiste-t- elle pas à redonner aux femmes la connaissance de leur corps et de leur cycle ? La véritable libération sexuelle ne s’exprime- t-elle pas dans la compréhension mutuelle du corps de l’autre et dans le respect de celui-ci ? Ces quelques questions vous invitent à voir les choses sous un autre angle, avec amour.


JE ME LANCE !

La première chose à faire est d’oser ! Oser lire sur le sujet, oser en parler et, enfin, oser avouer que l’on ne connaît pas son cycle menstruel. Une fois cette étape d’honnête- té franchie, vient le temps d’apprentissage. Les deux-trois premiers mois sont cruciaux pour observer comment son corps fonctionne réellement. La prudence est de mise lors des rapports, particulièrement si le couple ne désire pas d’enfant. D’expérience, il est préférable de combiner plu- sieurs approches, surtout après de longues années de contraception conventionnelle. Le relevé des données doit impérativement être rigoureux. Carnet, agenda, cadran lunaire ou calendrier, peut importe du moment que le support vous procure de la joie pour avoir plaisir à y écrire et relire vos notes en vue de les analyser.

Notez tout : les sensations, les rêves, les pensées en lien avec les règles, les émotions qui vous traversent, les jours de règles et combien de temps elles durent, le désir sexuel, la créativité...

Soyez tel un explorateur découvrant un nouveau monde. Avec le temps et la pratique, vous deviendrez tellement connectée à votre corps et à ses messages que vous pourrez être plus souple dans les relevés sans perdre en fiabilité. Les méthodes de contraception naturelle invitent les femmes et les hommes à redécouvrir le sacré à travers les menstrues. Vous serez fière de les avoir, de noter sur quelle phase lunaire elles sont alignées, dans quelle saison intérieure vous vous trouvez. Vous serez consciente de votre féminité et jouirez d’une sexualité en phase avec vos envies et énergies. Vous et votre partenaire serez plus confiants dans les rapports, plus unis aussi, reliés par un fil invisible, celui de vos lunes. Profitez du voyage à la découverte de votre sacralité.






Vous souhaitez en savoir plus ?

Dossier à retrouver dans votre magazine Tahiti Wellness #02 - mars 2022



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