On le sait aujourd’hui, le mal-être et la maladie qui en est l’expression ultime reposent bien davantage sur notre environnement et sur notre manière de nous relier au monde que sur nos seuls gènes, comme nous l’avons longtemps cru. L’épigénétique, qui étudie les mécanismes régissant l’expression de nos gènes sans modifier pour autant notre ADN, a mis en évidence cette réalité : notre santé dépend en grande partie de la bonne gestion de nos émotions, de la qualité de nos liens avec tout ce qui nous entoure, du caractère sain de tout ce que nous respirons et ingérons, et de notre capacité à nous préserver des toxiques (au premier rang desquels le stress). Alors si notre santé et le bien-être qui la sous-tend dépendent à ce point de tous ces aspects, on peut dire que la Polynésie, terre de mana, baignée d’eau, à la luxuriance de jardin d’Éden, au cadre encore si préservé, est un véritable écrin pour prendre soin de soi. Dans ce premier numéro de Tahiti Wellness, nous avons donc logiquement eu envie de vous proposer un petit tour d’horizon (non exhaustif) de quelques-uns des plus précieux atouts qu’elle nous offre généreusement pour y parvenir.

L’EAU Cette bénédiction
La Polynésie française est d’abord un continent aquatique, un chapelet de 118 îles et atolls paradisiaques répartis sur une surface aussi grande que l’Europe recouverte à plus de 80 % par l’océan et les lagons. Cette eau omniprésente constitue une source de bienfaits aussi infinie qu’inestimable pour notre santé comme pour notre beauté et notre bien-être, qu’elle soit douce ou salée. Si elle n’est bien sûr pas la seule ressource de notre Fenua pour soutenir notre équilibre et nous permettre d’accéder à la détente, elle en est forcément la plus évidente, la plus facile d’accès et la plus profitable peut-être.

Parsemée de-ci de-là de bungalows sur pilotis,
bordée de plages de sable blanc, noir et même
rose, cernée de barrières de corail, cette eau déclinant une palette incroyable de couleurs, le plus souvent translucide et limpide, largement préservée des pollutions et énergétisée par de continuels flux et reflux - ces swells chers aux surfeurs que rien ne vient arrêter sur des milliers de kilomètres - inonde d’abord littéralement nos yeux et notre cerveau de beauté. L’aspect visuel n’est ainsi pas le moindre de ses atouts même s’il se limite à sa seule apparence.
Comme le rappelait Stéphane Lambert, fondateur
du Waterman Tahiti Tour et coach sportif
spécialisé dans le milieu aquatique il y a quelques
années : « Le simple fait de voir quelque chose
de beau déclenche la production d’endorphines,
ces opiacés naturels produits par le cerveau afin
de soulager le stress en accroissant le plaisir. » La beauté éclatante des paysages dessinés par l’eau en Polynésie contribue donc d’emblée à induire un état de relaxation profond, profitable autant à notre mental qu’au reste de notre organisme. Aucune raison donc de renoncer à sa contemplation à profusion, y compris en y ajoutant celle de sa faune et de sa flore. Mais évidemment, les choses ne s’arrêtent pas là. Véritables spas grandeur nature implantés en milieu naturel, les lagons et les océans nous procurent dès l’immersion toutes sortes d’autres bienfaits, notamment en plaçant instantanément le corps en apesanteur. Soulagé des pressions exercées sur sa structure par la gravité, le corps y bénéficie d’une légèreté particulièrement bienfaisante pour ses articulations. « Quand le corps et la structure musculaire flottent, on se sent légers, et ça déclenche des sécrétions hormonales, qui facilitent le lâcher-prise intellectuel et donc l’harmonie », rappelait encore le Waterman.
RETROUVAILLES AVEC LES ORIGINES DE LA VIE
Plongé dans cette eau en outre chargée de toutes sortes d’éléments et sels minéraux, le corps s’y rend aussi « poreux » à leurs effets, qui agissent en premier lieu sur la peau et ses qualités esthétiques. Rafraîchissant sous ce climat souvent très chaud, aussi énergisant qu’apaisant selon les énergies qui le traversent via ses incessants mouvements, ce milieu infiniment vivant est aussi le cadre idéal pour pratiquer de nombreuses activités sportives, en veillant à les accorder avec vos aspirations et votre condition physique, tout en respectant bien sûr un certain nombre de précautions d’usage. Ces activités sont légion, des plus physiques et exigeantes aux plus cool et soft : vous trouverez forcément celle(s) qui vous convient (conviennent) au Fenua, que vous soyez adepte de glisse extrême, accro à l’adrénaline ou seulement assoiffé de farniente. Certaines restent très accessibles, sans nécessiter d’équipements ou d’encadrements particuliers (on pense d’emblée à la simple baignade et à la natation), même s’il est facile de passer très vite à la vitesse supérieure en fonction de vos aspirations à tester stand-up paddle, boogie, surf, va’a (la pirogue locale), kayak, kitesurf et désormais foil ou encore wing foil, ces disciplines toutes récentes qui révolutionnent le ride mondial. En Polynésie, vous trouverez donc, en un mot, tout ce qui se fait en matière d’activités sportives au-dessus, en dessous et à la surface de l’eau pour vous amuser, découvrir de nouvelles sensations euphorisantes, vous défouler, vous éclater… et cultiver le lâcher-prise.

PLAISIRS D’EAU DOUCE
Enfin s’il a surtout été question de l’eau salée des océans et des lagons dans ce petit développement, il ne faut pas pour autant en oublier l’eau douce, s’écoulant en immenses cascades sur de nombreuses îles hautes, façonnant rivières et vasques dans les vallées, irriguant de sources vives un arrière-pays infiniment sauvage, nimbé d’air pur et préservé, déployé dans des panoramas à la beauté différemment étourdissante.
Les bains d’eau douce font également partie des pratiques ancestrales traditionnelles des Polynésiens, pour qui ils ont toujours revêtu une grande importance. Moments privilégiés de détente, de bien-être et de partage, ils constituaient aussi fréquemment une forme de rituel de purification témoignant d’un rapport très particulier avec cet élément, base de la vie, infiniment précieux sous tant d’aspects dans nos îles. Aujourd’hui encore, ils permettent une formidable reconnexion, à soi comme à son environnement, pour peu que l’on ait envie d’accueillir tous les plaisirs et bénéfices qu’ils sont susceptibles de nous délivrer… si nous allons les chercher.
UNE TERRE PUISSANTE Berceau du mana
Vous l’aurez compris en lisant cette première partie consacrée aux bienfaits de l’eau : à travers les actions de cette dernière sur la psyché humaine – d’aucuns diraient notre âme – ceux-ci revêtent aussi une dimension plus profonde, confinant au sacré, que l’on ne peut qualifier que de spirituelle. En tout cas, les anciens Polynésiens le vivaient profondément ainsi, et une grande partie de leurs descendants s’inscrivent encore dans ce ressenti. Car la Polynésie est avant tout une terre de mana, cette véritable « énergie de guérison » qui se trouve littéralement au coeur de l’identité polynésienne.
Une énergie englobante et globale à l’origine même du bien-être insufflé par la Polynésie.
Pour Céline Hervé-Bazin, docteur en sciences de l’information et de la communication à qui l’ont doit « L’oracle du mana : Les secrets de la sagesse polynésienne », un jeu de 54 cartes sorti récemment pour s’y relier d’une manière ludique, cette notion repose en réalité sur cinq piliers intimement intriqués.
Le premier dépend de la connexion à la nature, à la terre, au fenua, dont l’océan serait la continuité dans une sorte de continuum liquide. Pour se laisser appréhender, il réclame une grande sensibilité à toutes ses composantes. Respect du vivant, gratitude pour tous les produits dont l’environnement nous comble, afin de répondre à nos besoins, sont au centre de sa perception, avec en arrière-plan toujours l’idée d’équilibre.
Le second pilier repose sur l’alimentation, le fait de se nourrir, et ce, dans toutes les acceptions que cette notion peut revêtir ; ce qui intègre là encore une dimension spirituelle. Le troisième pilier est le corps humain, qu’il s’agit de mettre en mouvement, de manière ritualisée mais pas seulement, afin d’en libérer la force, l’énergie puissante qui le meut et en est constitutive. Vient ensuite le quatrième pilier, la connaissance, englobant tout ce qui nourrit l’esprit. Elle est largement adossée à la maîtrise de la langue, chargée de la vibration des mots, de la parole. « En parlant et en apprenant, on gagnait du mana dans la conception des tupuna (les ancêtres) », rappelait la chercheuse après avoir rendu public ses travaux il y a quelques années. Le dernier pilier étant le tahu’a, l’expert, le guérisseur, véritable interface entre les mondes, qui incarne aussi et surtout la connexion à la mémoire, à l’ancien, permettant de mettre à profit tout ce qui a été appris dans le passé afin de pouvoir en faire un usage dans le présent à travers la transmission.
Vivre en conformité avec le mana pour en accueillir tous les bienfaits et la puissance implique donc d’harmoniser, au sein de son existence, tous ces piliers rassemblés dans une quête continuelle d’équilibre.

On l’oublie trop souvent, mais les îles hautes de Polynésie ne sont pas faites que de rivages aux plages de sable farineux. Les coeurs d’îles sont composées de montagnes aux découpages irréels, de vallées profondes, de cascades et de forêts. Elles dominent 90% de la surface des îles.
UN CHEMIN QUI DÉBUTE À L’INTÉRIEUR
Ces notions peuvent paraître difficiles à appréhender pour qui n’en est pas familier et compliquées à mettre en oeuvre sans en avoir été enseigné, mais en dehors des rites, préparations et
formes symboliques complexes que cette énergie
peut parfois revêtir, on en dégagera et retiendra
surtout un sentiment d’appartenance de l’être humain à la nature, de reliance profonde à tous ses
éléments, de respect de la vie et du vivant sur tous
les plans, de capacité à ressentir les flux d’énergie
soutenant toutes les formes de création de la
manière la plus simple, authentique et organique
qui soit. L’énergie est là, à chacun de trouver aujourd’hui sa voie d’accès la plus sincère pour s’y
rattacher.
UNE PRATIQUE MILLÉNAIRE
Ce modelage profond et relaxant, prodigué aux enfants dès la naissance afin de leur faire prendre conscience de leur corps tout en soulageant les traumatismes de l’accouchement, était également voué autrefois à apporter aux populations locales protection et puissance. Doté d’une incontestable dimension holistique visant jusqu’à l’aspect esthétique, il est réputé commencer toujours par les cheveux et la tête pour passer successivement par les bras, les jambes et le ventre avant de se terminer par les pieds. L’objectif étant de débarrasser notre « véhicule terrestre » des mauvaises ondes qui peuvent perturber sa connexion à l’esprit et de réactiver son énergie. Ce massage aussi énergisant que relaxant alterne une pratique profonde de l’acupression destinée, on l’a dit, à apaiser les tensions, avec des « effleurages beaucoup plus doux » voués à permettre un lâcher prise total, encore renforcé par l’usage du monoï, parfait pour stimuler et nourrir les sens en parfumant le corps.
----------------------------
Le massage traditionnel polynésien,
instrument du mana
Depuis toujours, les Polynésiens prennent
grand soin de leur corps, non seulement
dans la dimension esthétique mais bien
sûr aussi dans celle de la santé. Une santé
adossée à une alimentation saine, à une
bonne circulation du mana, reposant sur
tous les piliers évoqués plus haut et donc
notamment sur le mouvement. Reste que
l’activité physique n’est pas le seul facteur
à pouvoir assurer ce dernier.
Les massages traditionnels (taurumi) ont
toujours revêtu beaucoup d’importance
sur ce plan, en participant à la libération
de l’énergie du corps grâce à l’évacuation
des tensions. Il fallait masser pour faire
sortir les douleurs. Largement pratiqués
en outre avec du monoï (voir partie
dédiée) dans lequel toutes sortes de
plantes médicinales pouvaient être mises
à macérer et qui était le premier rā’au,
le premier support de la pharmacopée
polynésienne, ces massages toujours
pratiqués de nos jours tiennent autant de
la philosophie de vie que de la médecine
traditionnelle, visant autant de bénéfices
sur le corps que sur l’esprit en reliant au
passage le coeur et l’âme.